L'ancien chef de gouvernement assure que la rencontre avec les éléments de l'AIS à Jijel en 1999 avait pour seul but d'expliquer la loi sur la concorde civile. L'ancien chef de gouvernement et président du parti Talaie El-Houriet, Ali Benflis, a nié, hier, avoir donné des garanties au chef de l'Armée islamique du salut (AIS), Madani Mezrag, de pouvoir reprendre un jour l'activité politique. Interrogé par la presse sur la dernière sortie médiatique de l'"émir" national de l'AIS qui évoquait, récemment, lors d'une émission de télévision, des "assurances" données à ses troupes quant à l'accès, de nouveau, à l'exercice politique après l'adoption de la loi sur la Concorde civile, M. Benflis a rappelé les conditions dans lesquelles il avait, ainsi que deux autres émissaires de la présidence de la République, rencontré les cadres de l'AIS à Jijel en 1999. "La loi portant Concorde civile avait été adoptée par le Parlement en juillet 1999 et le référendum y afférent organisé juste après en septembre, si ma mémoire est bonne. C'est dans ces conditions que le président de la République a désigné une délégation dont je faisais partie, aux côtés du général Smaïn Lamari, en tant que représentant du DRS, et du général Brahim Fodhil-Chérif, représentant de l'état-major de l'ANP, et qui était chargée d'expliquer la loi en question, ainsi que ses modalités de mise en œuvre", assure M. Benflis, à la fin de la cérémonie d'installation du secrétariat national de sa formation à Ben Aknoun. L'ancien chef de gouvernement se souvient que la rencontre avec les éléments de l'AIS dans la localité de Kaous avait duré "deux à trois heures" au cours de laquelle, les trois émissaires de la présidence de la République avaient livré à leurs hôtes tous les détails liés à cette loi et les démarches à suivre pour bénéficier de ses dispositions. Pour M. Benflis, il s'agissait là du seul but de cette mission présidentielle, et il n'était, selon lui, aucunement question d'aborder autre chose que ce sujet. Actualité politique oblige, l'ancien chef de gouvernement a commenté la décision de fermeture par les autorités de la chaîne de télévision Al Watan. Une mesure qu'il n'a pas manqué de dénoncer, estimant qu'en agissant ainsi, le pouvoir "semble terrifié" par l'impasse dans laquelle il a entraîné le pays. Revenant, dans son discours, sur les derniers communiqués de la présidence de la République traitant, notamment, de l'opération de "restructuration" du Département du renseignement et de la sécurité (DRS) et du départ de son patron, le général Toufik, M. Benflis a tourné en dérision les justifications avancées pour expliquer ces décisions. "S'obstiner à vouloir faire passer les changements intervenus dans le haut commandement de l'ANP pour une restructuration, alors que tout le monde a pu constater qu'il ne s'agissait en tout et pour tout que d'un transfert de prérogatives d'un commandement à un autre, relève d'un leurre politique dont personne n'est dupe", tranche l'ancien chef de gouvernement pour qui "présenter ces changements comme s'inscrivant dans le cadre de réformes politiques plus vastes participe d'une véritable entreprise de mystification". Pour M. Benflis, chacun sait, en effet, que "l'obsession du régime politique, en ces moments, n'est pas dans le changement, mais dans la survie, et qu'il n'a pas l'esprit aux réformes, mais à la préservation du statu quo à tout prix". Le président de Talaie El-Houriet rejette, par ailleurs, les déclarations d'intimidation et les menaces des tenants du pouvoir qu'il a mises sur le compte de l'absence de stratégie pour faire face à la crise. "Ceux qui croient pouvoir encore procéder par la menace, le chantage et la peur se trompent lourdement. Notre peuple sait tout du régime politique en place et toutes les mises en garde du monde ne le feront pas renoncer à son aspiration légitime au changement et au renouveau d'un système dépassé autant par les mutations nationales que par la marche du monde", assène l'ancien chef de gouvernement. Evoquant les prévisions économiques du gouvernement, M. Benflis a, également, moqué le taux de croissance contenu dans la loi de finance 2016. "Quel crédit accorder à une loi de finances qui prétend parvenir à un taux de croissance de 4,6% qui n'a jamais été atteint même par temps d'opulence financière ?", s'est-il, en effet, interrogé, considérant que "ces seuls indicateurs suffisent à disqualifier cette loi de finance 2016" dont la confection semble relever, d'après lui, "plus de la routine d'une échéance législative contraignante à respecter que d'une démarche innovante et convaincante apte à relever les défis nombreux et complexes que la crise économique actuelle impose à la nation". Le président de Talaie El-Houriet a, enfin, donné la liste des 41 membres du secrétariat national du parti dont la coordination a été confiée à l'ancien ministre Abdelkader Taffar. H. S.