Au-delà de ce pacte diplomatique, aussi vague qu'imprécis, la situation de déséquilibre des échanges entre l'Algérie et son premier partenaire commercial est bien identifiée. L'Algérie et l'Union européenne, son principal partenaire commercial, ont convenu lundi de travailler davantage pour aboutir à une meilleure mise en œuvre de l'Accord d'association, de part et d'autre. «L'UE a formulé le souhait de devenir un partenaire de choix pour accompagner l'Algérie dans les réformes politiques et macroéconomiques structurelles récemment engagées. Sur le plan régional, l'UE et l'Algérie ont réitéré leur ambition de renforcer leur dialogue, leur concertation et leur coopération autour de défis communs.» Au-delà de ce pacte diplomatique, aussi vague qu'imprécis, rien n'a filtré sur la demande algérienne de refonder le socle fondateur de l'Accord d'association, de manière à l'élever au rang d'un partenariat gagnant-gagnant. La situation de déséquilibre des échanges entre l'Algérie et son premier partenaire commercial est bien identifiée. Il a été soulevé en octobre 2015, lors d'un Conseil des ministres qui a débattu, entre autres, d'une communication de Ramtane Lamamra sur le partenariat entre l'Algérie et l'Union européenne (UE). L'effet de cette évaluation a été semblable à un coup de massue, levant le voile sur des pertes en milliards de dollars, occasionnées par un Accord d'association inéquitable. Au bout de 10 années de mise en œuvre, l'accord s'est révélé un contrat léonin ; il a engendré un manque à gagner de plus de 700 milliards de dinars aux recettes douanières algériennes. Mais pas seulement. Sur les activités et les soldes du commerce extérieur, l'impact de l'Accord d'association Algérie-UE, entrée en vigueur en septembre 2005, était pour le moins violent. Depuis septembre 2005 jusqu'à 2015, les exportations algériennes hors hydrocarbures (HH) à destination de l'UE n'a même pas atteint les 14 milliards de dollars, alors que le cumul des importations algériennes auprès de son partenaire européen s'est chiffré à 220 milliards de dollars avec une moyenne annuelle de 22 milliards de dollars. Les exportations algériennes hors hydrocarbures vers les pays de l'UE sont passées de 597 millions de dollars en 2005 à seulement 2,3 milliards de dollars en 2014 avant de baisser à 1,6 milliard de dollars en 2015. L'impact dudit accord sur le flux des investissements directs européens vers l'Algérie n'a pas été non plus avantageux. Il a été rarement la source d'un flux de capitaux pour les besoins d'investissement, quand bien même le principal objectif de cet Accord était de promouvoir les exportations algériennes hors hydrocarbures vers l'Europe et de développer les investissements européens en Algérie. Dix années après son entrée en vigueur, le bilan est donc surtout négatif pour la partie algérienne. Bien des économistes et producteurs algériens regrettaient la conclusion hâtive de l'accord, qui s'était révélé au fil des années être une quête d'un soutien plutôt politique de l'Union européenne au régime en place. Douze années après, les temps des remises en cause arriva. Réuni sous la présidence de Abdelaziz Bouteflika, le Conseil des ministres d'octobre 2015 avait alors considéré nécessaire de réévaluer les volets économique et commercial de l'Accord d'association avec l'UE qui n'a pas réalisé les objectifs attendus. Le choc pétrolier et l'effondrement des revenus extérieurs du pays sont autant de facteurs qui ont beaucoup inspiré les responsables politiques. Après la réunion dudit Conseil des ministres, Alger a introduit officiellement une requête auprès de la haute représentante de l'UE pour demander l'ouverture de discussions sur une évaluation conjointe et objective de la mise en œuvre de l'Accord d'association. De la réunion du Conseil d'association Algérie-UE de lundi dernier, aucun engagement clair n'est à déceler de l'avalanche d'intentions qui a marqué le discours européen. A côté des statistiques du commerce extérieur qui sont suivies désormais comme du lait sur le feu, la levée totale des barrières tarifaires prévue en 2020 fait craindre le pire. Face à ce risque de moyen terme, la réforme de l'Accord telle que proposée par Alger n'est pas encore à l'ordre du jour pour l'instant.