Je pense que les pires rumeurs sur l'état de santé du président Bouteflika sont infondées. Dans les prochains jours, nous aurons probablement des clarifications à ce sujet.» La mise au point est de Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT). Lors d'un point de presse animé hier au siège de son parti, le leader du PT a estimé que la défaillance dans la communication officielle, l'opacité et la confusion alimentent le lit de la rumeur et de l'intox. Pour elle, cette situation est faite pour alourdir le climat qui est déjà suffocant en raison des problèmes sociaux et de l'impasse politique et économique dans laquelle se trouve le pays. «C'est vrai que la situation est complexe, mais certaines personnes de mauvaise foi vont jusqu'à envisager le pire. Moi, j'insiste pour dire que le manque de communication n'est pas fait pour arranger les choses», avertit Mme Hanoune. Abordant la question de la collecte des signatures, la secrétaire générale du PT soutient que sur les 42 listes déposées par son parti, 36 ont été validées et six rejetées en raison des parrainages. Des recours ont été introduits et la formation de Louisa Hanoune, très confiante, espère remporter la mise dès lors, explique-t-elle, que les listes répondraient aux conditions et critères énoncés dans la loi électorale. La première dame du PT est aussi revenue sur la corruption liée à la collecte des signatures et l'achat des voix. Selon elle, il s'agit là de pratiques maffieuses et surtout d'un appel à l'abstention. Elle regrette, à cet effet, l'absence de morale politique. «Nous sommes face à une corruption généralisée. Les personnes qui ont eu recours à cette pratique veulent à tout prix maintenir le statu quo. C'est l'expression de la décomposition sociale et politique. Actuellement, tous les domaines sont gangrenés par la corruption et lorsque le Parlement, les partis politiques, le syndicat sont touchés par la décomposition, cela veut dire que le pays est à la dérive», craint la secrétaire générale du PT, qui pense que la démocratie politique, c'est-à-dire les institutions de l'Etat, sont aujourd'hui en danger. Mme Hanoune est persuadée qu'aucun parti, parmi notamment la «nébuleuse», ne pouvaient collecter des signatures dans 48 wilayas «avec les nouvelles dispositions contenues dans la loi électorale, il est difficile voire impossible de recueillir des signatures dans toutes les villes du pays. Ces nouveaux partis qui prétendent avoir réussi le pari constituent un danger pour le multipartisme». Pour elle, ce qui fait courir les personnes qui n'ont pas lésiné sur les moyens pour acheter des voix pour siéger à l'APN : c'est l'immunité parlementaire et l'élargissement de leur champ de prédation. Par ailleurs, Mme Hanoune demande, en outre, aux ministres candidats de démissionner de leur poste dans l'immédiat, jugeant immoral de continuer à assurer leur mission au sein du gouvernement. La secrétaire générale du PT est persuadée que les législatives du 4 mai prochain «peuvent constituer un tournant décisif» dans l'histoire de l'Algérie et que sa campagne électorale sera «différente des précédentes» parce qu'elle se focalisera sur les questions fondamentales pour une réforme réelle et profonde dans tous les domaines. «Nous allons nous adresser aux consciences, au patriotisme, à la raison des citoyens pour leur démontrer que ce scrutin peut être un tournant décisif. Ils peuvent agir en sanctionnant les partis et le gouvernement qui ont jeté la majorité dans la régression et la décadence», souligne l'intervenante, persuadée que le choix du peuple peut contribuer à stopper l'engrenage en cours et ouvrir des perspectives à la jeunesse, aux travailleurs, ainsi qu'à la réappropriation des espaces démocratiques. «Nous allons convaincre les citoyens, mais nous n'allons nullement exercer les pressions», affirme la secrétaire générale du PT. Enfin, s'agissant de l'assainissement du fichier électoral, Mme Hanoune accuse «d'autres pouvoirs», notamment des partis politiques, des ministres... d'interférer dans cette opération. «Nous avons la preuve de ce que nous avançons et je confirme l'absence d'homogénéité au niveau des institutions», déclare Mme Hanoune, précisant que l'abstention engendrera une Assemblée «faible».