La liste FLN d'El Tarf que conduit Tarek Tridi, le président de l'APW d'El Tarf, a été modifiée après son dépôt le 5 mars. Tellal Amar, mouhafedh de Dréan comme on se plaît à le nommer, soutenu toutefois par les factions FLNistes de cette partie de la wilaya, a été remplacé à la deuxième place de la liste par Hocine Khaldoun, ancien membre du bureau politique et son porte-parole sous l'ère Saadani. Il avait été débarqué en janvier par Djamel Ould Abbès dès son installation à la tête de l'ex-parti unique pour, selon ce dernier, «défaillance dans le système d'information et de communication». Un remplacement en contradiction avec la loi, puisque les dispositions de l'article 96 de la loi organique n°16-10 du 25 août 2016 relative au régime électoral stipulent clairement : «Une liste de candidats déposée (60 jours avant le scrutin, ndlr) ne peut faire l'objet ni de modification ni de retrait, sauf dans le cas de décès d'un candidat de la liste avant la fin du délai de dépôt de candidature. Il est alors procédé à son remplacement par son parti politique dans l'ordre de classement des candidats sur la liste.» Ce qui est loin d'être le cas. La nouvelle, bien entendu, a fait bouger des militants de la base, ceux de Dréan uniquement. Une trentaine de militants ont manifesté mercredi leur désapprobation de la décision de Ould Abbès éclaboussé par les scandales de places achetées au prix fort. L'intronisation de Hocine Khaldoun sur la liste, originaire d'El Ayoun, partie orientale de la wilaya, n'est pas, par contre, pour déplaire aux activistes politiques de cette région. Des responsables, que nous avons contactés et qui ont tenu à garder l'anonymat pour ne pas avoir à se prononcer sur cette violation de la loi, ont tous confirmé que la désignation de Hocine Khaldoun est parvenue par fax de la centrale du FLN. Le mouhafedh d'El Tarf, Herga Yazid, ignore tout de cette histoire, en ce qui le concerne. Hier, jour férié, il a été impossible de toucher les services de la DRAG pour en savoir plus sur ce remplacement, pour le moins indécent. Hocine Khaldoun n'a pas tenu à faire de commentaire et nous a évoqué le délai de recours prévu par la loi, mais celui-ci ne concerne que les candidats de la liste déposée dans les délais, c'est-à-dire avant le 5 mars à minuit. Avec cette nouvelle pointure sur la liste qui va passer comme une lettre à la poste malgré la loi et les assurances pour des élections honnêtes, le FLN est assuré d'avoir arraché une réservation pour ses 2 sièges à El Tarf. 25 listes de candidats à la députation sont en lice à El Tarf, dont 5 d'indépendants et 3 listes d'alliance. 225 candidats pour un électorat arrêté à 307 405. Il était de 278 333 électeurs en 2012 pour les dernières législatives et 298 756 pour la présidentielle de 2014. Au RND, Maïzi Boubekeur, gros entrepreneur de la région, ancien député et sénateur, est placé en tête de la liste. Le PT de Louisa Hanoune, qui avait arraché le troisième des cinq sièges en 2012, replace son poulain, Snani Mourad, dans la course à l'APN. Adala, le parti qui avait obtenu le 5e siège est fondu dans l'alliance islamiste de Djaballah I, Djaballah II et Djaballah III. Le FFS, assez bien implanté dans la région, autrefois du moins, a réussi à monter une liste. Le RCD a disparu des écrans radar tout autant que le MDS. Le MPA de Benyounès est également dans la course comme ses semblables, le Taj de Amar Ghoul et l'ANR de Salhi (qui n'a plus rien à voir avec celle créée par Rédha Malek). Hamas pour sa part semble avoir fait un choix plus judicieux en plaçant Brahim Bendjedid, un jeune qui a raflé avec sa liste indépendante autant de sièges que le FLN et le RND lors des dernières locales à El Kala et dont le nom est aussi synonyme d'El Tarf. Des gages pour sauver les apparences, si Hamas se voit attribuer des sièges de ministres et de députés avec son retour annoncé au côté des tenants du pouvoir. La course est donc serrée dans cette wilaya où l'APN n'est que le moyen de s'élever socialement, de décrocher un strapontin dans les arcanes du pouvoir et de s'assurer à vie une rente intarissable. Et pour la réussite du scrutin, point d'inquiétude. Les 791 bureaux de vote seront pris d'assaut. El Tarf est la seule wilaya du nord du pays à avoir dépassé les 60% de participation. Elle talonne les immensités désertiques des wilayas de Tamanrasset et d'Adrar.