L'exploitation du système d'irrigation goutte-à-goutte par les agriculteurs à Blida ne dépasse pas les 8 %, en dépit du fait qu'il soit considéré comme la solution idoine pour régler le problème du déficit en eau d'irrigation dans la wilaya, a regretté le directeur local des ressources en eau, Rabah Ouissi. La superficie agricole irriguée à Blida est estimée à 32 000 ha, dont près de 5000 seulement arrosés par le système goutte-à-goutte, surface qualifiée de «très modeste» par M. Ouissi, déplorant le fait que les agriculteurs se soient «quasiment détournés» de cette méthode d'irrigation moderne, qui «contribue pourtant dans une large mesure à l'économie de l'eau». Le «délaissement» de ce mode d'irrigation par les agriculteurs locaux est expliqué, selon ce responsable, par «l'ignorance des fellahs de l'impact positif de cette technique sur le rendement agricole, d'une part, et leur méconnaissance de sa contribution dans le règlement du problème de déficit en eau d'irrigation, d'autre part». Le système d'irrigation goutte-à-goutte, dite également «irrigation localisée», participe à la rationalisation de l'usage de l'eau par la maîtrise des volumes utilisés dans l'irrigation, un facteur qui va réduire le développement des herbes et des champignons sur le sol, «car l'eau n'imbibe pas toute la surface de la terre», a souligné M. Ouissi. D'autre part, il a déploré le fait que les campagnes de sensibilisation lancées par sa direction, en collaboration avec les services agricoles de la wilaya en faveur de l'irrigation goutte-à-goutte «n'aient pas donné les résultats escomptés», car «seules les grandes exploitations agricoles adoptent actuellement cette technique», a-t-il signalé. Le même responsable a estimé en outre que «l'exploitation abusive des eaux des forages par les agriculteurs va impacter négativement sur la durabilité des eaux souterraines», considérées, a-t-il dit, comme le «principal fournisseur de la wilaya de Blida en matière d'AEP». Mesures pour préserver la ressource et rationaliser son exploitation En perspective de la préservation de la ressource hydrique à Blida et sa protection d'une exploitation «non étudiée» par les agriculteurs dans l'irrigation agricole, «des conditions très strictes ont été fixées pour les autorisations de forage, conformément au décret ministériel n°08.148 daté du 21 mai 2008 portant sur les modalités d'octroi de l'autorisation d'utilisation de la ressource en eau». Selon le même responsable, le décret en question, visant la protection des eaux souterraines, interdit, entre autres, la réalisation de forages d'eau au niveau de certaines régions, à l'instar de Beni Tamou, Chebli et Larbâa, tout en soumettant l'autorisation de prélèvement d'eau aux groupements agricoles à certaines conditions liées à la nature du produit agricole et à ses besoins en eau. «La wilaya compte actuellement 2500 forages destinés à l'irrigation agricole, dont 903 (creusés) illicites», a-t-il signalé à ce propos. Pour M. Ouissi, «il est impératif d'astreindre les agriculteurs à adopter le système du goutte-à-goutte afin de régler cette problématique (de l'eau)», conformément, a-t-il dit, aux «résolutions du workshop organisé dernièrement au niveau du ministère de tutelle, sur le thème ‘‘L'irrigation agricole'', parallèlement à la détermination des types de cultures adaptées à la nature du sol et au climat de chaque wilaya».