Une plainte a été déposée « pour non-assistance à personne en danger », hier, par le directeur du secteur sanitaire de Tiaret auprès du procureur de la République près le tribunal contre un gynécologue privé, qui n'avait pas porté secours à une malade transférée en urgence de l'hôpital de Rahouia, 36 km du chef-lieu de wilaya, vers la maternité Fatma-Zohra Aourai. Le magistrat en charge du dossier aurait à son tour instruit une autopsie non sans ouvrir une enquête pour délimiter les responsabilités sur cette énième tragédie qui secoue les familles à Tiaret. La victime, Mme Beladjina, 35 ans, qui allait accoucher, a été totalement abandonnée à son triste sort alors qu'elle se tordait de douleur sur la table deux heures durant, en dépit des appels d'urgence incessants lancés par le personnel de cette enceinte qualifiée par la population locale de « couloir de la mort ». L'un des médecins conventionnés, docteur B.M., aurait sous-estimé l'urgence, disent certains, au moment ou d'autres soutiennent qu'un autre gynécologue, qui se trouvait sur place, avait instruit le personnel paramédical d'alerter son collègue pris par sa clientèle dans son cabinet. Rachid Boughaïta, directeur du secteur sanitaire de Tiaret, dit souscrire à la légalité à laquelle nul ne saurait échapper et fera part de sa décision de suspendre temporairement toute l'équipe chargée de s'occuper de la victime mercredi dernier. La défunte, inhumée avant-hier dans son village natal en présence d'une foule nombreuse, a laissé derrière elle un veuf et deux petits garçons inconsolables. Le conseil d'éthique et de déontologie aurait été saisi, mais la gravité de l'affaire semble tout de même à l'égale de la célérité avec laquelle les autorités sanitaires se sont empressées de régler légalement pour, dit-on « ne plus cautionner l'inconscience » et ce fatalisme qui sied bien.