Le corps médical de Tiaret vient, pour la première fois dans les annales hospitalières, de se voir éclaboussé par la mise de deux gynécologues sous contrôle judiciaire et une enquête qui aboutira, selon certains indices, au pire. Cette décision de justice est intervenue quelques jours après le décès d'une jeune femme, victime d'une négligence médicale caractérisée, au niveau de la clinique gynéco-obstérique Aourai-Zohra de Tiaret. En effet, la genèse de cet incident regrettable remonte à la matinée du 15 novembre dernier quand, aux environs de 11h20, la victime venait d'être évacuée de l'hôpital de Rahouia pour accouchement jugé difficile. Après consultation, les sages-femmes jugeaient utile de faire appel au gynécologue présent sur les lieux. Ce dernier ne voyait alors aucun signe de gravité sur la jeune maman sinon l'absence de battements cardiaux fœutaux (BCF) du bébé, synonyme du décès certain. Mais, à défaut d'attendre son confrère, puisque son quart tenait à sa fin, le praticien en question avait quitté l'institution pour laisser mourir la jeune femme. Quant au second gynécologue, un conventionné appelé à prendre du service, il avait brillé par son absence et ne voulait même pas, comme mentionné sur le rapport de l'administration, répondre aux appels des paramédicaux et encore moins à la sollicitation du chef de service de la maternité qui s'est même déplacé jusqu'à son cabinet. Ainsi, la situation, frappée du grief de non-assistance à personne en danger, dut connaître son épilogue par le décès de la jeune femme qui avait fini par décompenser. Suite à quoi, une autopsie, déterminant une rupture utérine, a été effectuée sur le cadavre avant qu'une plainte ne soit déposée par la famille de la victime. S'agissant du directeur du secteur sanitaire, il a commencé par convoquer les deux équipes, voire celles de l'hôpital de Rahouia et de la maternité, avant de conclure par une sanction à l'encontre des quatre sages-femmes de la clinique gynéco-obstérique de Tiaret. Au demeurant, cette mesure est loin d'être du goût du collectif médical et paramédical de la maternité qui avait répondu par un sit-in dénonçant l'arbitraire perpétré par leur responsable. Pour ce dernier, venu justifier son geste, il attribue la décision à une simple couverture administrative non sans actionner une procédure judiciaire à l'encontre des deux gynécologues pour non-assistance à personne en danger. Cependant, cette action a abouti à l'audition des médecins concernés par le procureur de la République près la cour de Tiaret qui avait placé les deux gynécologues sous contrôle judiciaire en attendant de statuer définitivement sur cette affaire dont l'enquête suit toujours son cours. R. SALEM