Repsol, l'associé espagnol de la société mixte Polymed, vient de céder gracieusement ses parts au profit de son partenaire Enip pour en finir et d'une manière définitive avec Polymed, le fameux projet pour la production du polyéthylène haute densité (PEHD). Cette « amabilité » avait été précédée, il y a déjà plus de deux années, par une sortie fracassante des Espagnols qui avaient clairement manifesté leur « désintérêt » après une lune de miel qui aura duré plus de 14 années ponctuée par d'innombrables aberrations économiques. Lors de la création de cette joint venture en 1990, les Espagnols détenaient 33% du capital avec 1036 actions, le reste étant détenu par Enip. Après l'arrivée de la Banque algérienne de développement (BAD), appelée à la rescousse pour minimiser le gouffre financier dans lequel se trouvait Polymed, la part de Repsol a baissé pour se fixer à 26,95%. En « se lavant les mains » d'un projet qui a coûté 268,7 millions de dollars alors qu'initialement il ne devait coûter que 171 millions de dollars, les Espagnols donnent l'impression de chercher à se défaire du complexe quitte à offrir leurs parts. Quant aux parts de la BAD, qui s'élèvent à 12,19%, des sources avancent que Sonatrach aurait déjà saisi le ministère des Finances afin d'étudier une éventuelle demande pour concéder ses parts. Cette dernière sortie de l'ex-partenaire étranger met très mal à l'aise Sonatrach qui avait pourtant tout entrepris pour sauver Polymed. A titre de rappel, Sonatrach avait injecté au début des années 2000 et à la demande des dirigeants de l'Enip une enveloppe de plus de 60 millions de dollars en vue de permettre la finalisation du projet et sa mise en exploitation. Un acte qui semble n'avoir pas convaincu Repsol, qui continuera à avancer l'argument de rentabilité comme un paravent devant lui permettre de se défaire de Polymed. Cette nouvelle donne, en somme très prévisible, devra remettre l'avenir de Polymed une fois encore en question. Le mènera-t-on vers une liquidation et perdre ainsi une carte beaucoup plus politique qu'économique ou parviendra-t-on à le sauver ? Les avis des spécialistes divergent à ce sujet. Les uns avancent que sa liquidation assènera un coup très dur au Trésor public en avançant une perte financière nette de 14 milliards de dinars qui seront supportés dans leur globalité par des entreprises relevant du secteur public (BAD, BNA, BEA…), en plus d'un manque à gagner estimé à plus de 35 milliards de dinars. Ils soutiennent que l'avenir de Polymed serait dans « sa reconversion en une simple unité de production de l'Enip comme le CP1K. Cela permettra de préserver les postes d'emplois ». D'autres spécialistes avancent que Polymed ne serait pas « si moribond ». Ils estiment que le complexe, qui n'a jamais été maître de son destin, est en mesure de garantir sa survie si l'entreprise-mère, l'Enip en l'occurrence, accepte d'y contribuer. Ils expliquent que Polymed a juste besoin d'un effort pour alléger ses dettes et un autre effort pour l'approvisionnement, référence faite au renforcement des capacités de production de l'éthylène au niveau du CP1K et aussi revoir les données de la protection douanière concernant le PEHD. Entre ces avis, il reste que Polymed demeure en stand-by même si Sonatrach semble douloureusement éviter l'option de sa liquidation. Nous aurons dans nos prochaines éditions à revenir avec plus de détails sur les péripéties de Polymed. Un complexe que l'incompétence économique et le populisme politique ont condamné bien au départ et qui risquent aujourd'hui de le transformer en un simple tas de ferraille.