L'intérêt et le rôle des coopératives comme levier du développement agricole en Algérie ont fait l'objet d'une journée d'étude, la semaine passée, au campus d'Aboudaou de l'université Abderrahmane Mira de Béjaïa. Cette initiative a été prise par le Laboratoire de recherches en management et techniques quantitatives (LRMTQ) de la faculté des sciences économiques, des sciences de gestion et des sciences commerciales, en collaboration avec la direction des services agricoles de la wilaya et de l'association des éleveurs de la wilaya, qui se sont intéressés à l'élevage laitier. En effet, la filière du lait, qui représente l'un des domaines stratégiques de l'Etat -qui cherche à assurer la sécurité en approvisionnement en cette denrée alimentaire- souffre de sa mauvaise organisation. En dépit de la présence de quelques associations d'éleveurs, les agriculteurs restent néanmoins peu enclins à travailler en groupes d'intérêts pour optimiser la production et faire face à la demande locale. Le but du LRMTQ est, à ce titre, de convier les agriculteurs d'une manière générale, et en particulier les producteurs de lait, à se réapproprier l'idée de la coopérative. Selon le professeur Moussa Boukrif, directeur du LRMTQ, «l'ensemble des communications ont insisté sur l'importance de la coopérative comme forme d'organisation et structure de regroupement à intérêt commun, dans le secteur agricole de manière générale et dans la filière lait en particulier». Pour lui, la mise en place de cette structure «permet non seulement une meilleure prise en charge des préoccupations des agriculteurs en matière de développement, d'améliorer les rendements et la maîtrise des coûts de production, mais elle offre aussi divers avantages aux adhérents. Par exemple, la sécurité des approvisionnements en aliments, en équipements agricoles et la garantie de débouchés pour l'écoulement de la production». Afin de relever le niveau du débat, de rapprocher les idées des éleveurs et de les convaincre de l'importance de cette structure dans la gestion des intérêts communs des agriculteurs, les responsables de la coopérative de Sétif (Coopssel) et ceux de la coopérative agricole polyvalente de services de Sedrata, à Souk Ahras, ont été invités à parler de leur expérience. Aussi, d'autres partenaires étaient présents, à l'image de la direction des forêts, de l'Institut national de la recherche agronomique d'Algérie de Oued Ghir et de Boualem Bellili de la subdivision agricole de Sidi Aïch, qui a développé une communication sur la création de coopérativces agricoles. Toujours dans le volet informatif, les représentants de la mutuelle CRMA et de la banque publique la BADR ont sensibilisé les agriculteurs sur l'intérêt d'opter pour l'assurance de leur investissement et de les informer des différents crédits qui sont octroyés par la banque aux agriculteurs, ainsi que des conditions d'accès à ces crédits. Recommandations Les débats ont débouché sur l'adoption d'une batterie de recommandations. Ainsi, le rôle de la sensibilisation et de l'information demeure primordial pour vulgariser le concept moderne de la «coopérative», en mettant en valeur les avantages de cette forme d'organisation. En second lieu, les séminaristes ont proposé la mise en place d'un groupe de travail pour enclencher, sans tarder, le processus de création de la coopérative sur le plan administratif. En matière d'infrastructures, le directeur de la DSA de la wilaya, qui s'est félicité de cette initiative des universitaires, s'est engagé à aider les agriculteurs dans la récupération de l'ancien patrimoine des CAPCS dans le cadre de cette organisation. Mieux, il a proposé la création d'un groupe de réflexion composé de ses cadres et qui devrait se déplacer à Sétif afin de s'imprégner de l'expérience de la coopérative de Sétif. Il a été également retenu l'indispensable amélioration et la mise à niveau du cadre réglementaire et juridique qui régissent les coopératives. A ce propos, M. Boukrif a estimé que ce concept est resté en mémoire comme étant celui des années de l'économie planifiée, d'où la nécessité de l'adapter au contexte actuel. Enfin, il a été recommandé d'inclure ces structures (coopératives) dans le dispositif incitatif de l'ANDI.