La rumeur gonfle. Et l'inquiétude avec. Depuis le double attentat contre les commissariats de Dergana et de Réghaïa, à l'est d'Alger, la nuit du 30 octobre, les alertes à la bombe se multiplient, mettant sous pression les services de sécurité. Ces derniers ne veulent sous-estimer aucune indication. Vendredi dernier à 13h, des démineurs de la police ont fait exploser le contenu d'un sachet noir, selon des témoins, aux abords du siège de la Direction générale de la sûreté nationale. Aucune indication de plus sur le contenu de ce sachet. Des consignes fermes ont été émises par les services de sécurité, depuis la semaine dernière, pour sécuriser les abords des édifices publics, commissariats, institutions, etc. Tolérance zéro pour les stationnements suspects. La peur de l'attentat à la voiture piégée se réinstalle. La fouille à l'entrée des bâtiments publics a été également renforcée. Des sources de la police affirment recevoir des centaines d'appels par jour signalant une voiture étrangement garée ici, un colis suspect là. Les branches opérationnelles sont submergées. « Tant mieux », estiment des sources sécuritaires, évoquant un regain de vigilance. D'autant que la menace de reprise des attentats en milieu urbain coïncide avec la montée des violences liées à la délinquance, les fameuses agressions pour vol qui hantent la nuit algéroise, même dans les grands artères et aux abords des quartiers résidentiels. Les brigades pédestres de la police tentent de juguler ce phénomène, qui a même poussé, en juillet dernier, le ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni, à exprimer sa colère devant le wali d'Alger quant au déficit en sécurité dans la capitale. Une ville qui doit accueillir les manifestations d'« Alger, capitale de la culture arabe 2007 ». La double menace délinquance-terrorisme semble peser réellement donc sur la ville et sa banlieue. Le quotidien français Le Monde a publié, lundi 13 novembre, — alors que le ministre de l'Intérieur français, Nicolas Sarkozy, était en visite de deux jours à Alger — une enquête sur le GSPC, sur la base de révélations des services secrets français, où il évoque la persistance d'une cellule à Alger : le GSPC aurait, « malgré la pression militaire qu'il subit », reconstitué, l'été dernier, une « cellule opérationnelle » à Alger, « dont la police locale connaissait l'existence fin août. Composée d'une quinzaine de membres et dirigée par Rabah Mokfi, conseiller militaire de Abdelmalek Droukdal, l'émir du GSPC ». Cellule qui aurait été l'auteur des attentats de Réghaïa et de Dergana, après presque trois ans d'un semblant d'accalmie. Une accalmie qui a affaibli la vigilance. Preuve en est le spectacle des marchés informels à Alger et les risques qu'ils représentent par la foule et l'impossibilité de vérifier les passants. La capitale, pour rappel, a connu plusieurs groupes terroristes dit urbains, peu nombreux en effectif et mobiles, sorte de « commandos itinérants ». Le démantèlement des ateliers de fabrication de bombes, la lutte contre les réseaux de soutien et les opérations ponctuelles des troupes spéciales, comme le GIS, ont permis de mettre en échec une des stratégies fortes des groupes armés : terroriser Alger, épicentre névralgique de la vie politique du pays.