Certains entrepreneurs détournent une partie du ciment qui leur est destinée pour la revendre au marché noir. La spéculation sur le ciment bat son plein à Mascara. Le sac de ciment de 50 kg est écoulé auprès de nombreux revendeurs de matériaux de construction entre 700 et 800 DA. A la sortie des usines, son prix ne dépasse pas les 450 DA. Selon des témoins, certains entrepreneurs détournent une partie du ciment qui leur est destinée pour la revendre au marché noir. Ce phénomène de spéculation sur le ciment est, d'après des sources, à l'origine des retards considérables enregistrés dans l'avancement des travaux de nombreux projets à travers les différentes localités de la wilaya. On peut citer, à titre d'exemple, le projet d'approvisionnement en eau de mer dessalée à partir du couloir MAO (Mostaganem-Arzew-Oran), le projet de la pénétrante reliant la ville de Mascara à l'autoroute Est-Ouest et le projet de réalisation d'environ 3000 logements location-vente AADL qui n'ont jamais vu le jour. Toutes les entreprises, pour justifier la lenteur des travaux, imputent les retards au manque d'approvisionnement en ciment, et ce, en dépit de l'existence de deux cimenteries sur le territoire de la wilaya, à savoir la Société des ciments de Zahana (SCIZ) et Lafarge ciment Oggaz (LCO). Y a-t-il réellement une crise du ciment à Mascara ? Jeudi, Jean Louis Sibioude, directeur de l'usine de Lafarge ciment d'Oggaz, interrogé sur le phénomène de pénurie de ciment dans la région, nous a déclaré qu'aucune réclamation de la part des entreprises n'a été enregistrée. «L'usine d'Oggaz, depuis son acquisition, répond favorablement à tout besoin de la direction commerciale de Lafarge en matière de ciment», a-t-il précisé. A cet effet, ajoute M. Sibioude, une augmentation de la production de 10% a été réalisée durant le 1er trimestre de l'année en cours, et ce, afin de satisfaire une demande croissante en ciment gris. «Depuis le 1er janvier, l'usine d'Oggaz a produit 953 000 tonnes de ciment, dont 844 000 tonnes de ciment gris et le reste du blanc. On a plafonné», nous a-t-il dit. De son côté, Kadar Jawad Abdelkader, manager des affaires publiques à LCO, nous a confié qu'au cours de la dernière réunion avec les autorités de la wilaya de Mascara, qui a eu lieu la semaine passée, pour discuter de l'approvisionnement des entreprises en ciment : «Nous avons réitéré notre engagement d'assurer la disponibilité du ciment et de couvrir les besoins des entreprises.». En outre, Paul Rousselot, directeur industriel du groupe Lafarge Hocime en Algérie, a proposé aux entreprises d'utiliser le ciment blanc, plus esthétique et économique. «En 2018, Lafarge prévoit d'exporter 100 000 tonnes de ciment blanc», nous dit-il. Afin de réaliser cet objectif, l'usine d'Oggaz augmentera le volume de production, et ce, pour assurer la disponibilité de ce produit dit de qualité sur le marché local et d'exporter l'autre partie dans les différentes pays du monde. Selon notre interlocuteur, une nouvelle gamme de ciment blanc est prévue sur le marché. «Le problème ne se situe vraiment pas dans le ciment, qui est disponible en quantité et qualité, il est dans les entreprises elles-mêmes, dont certaines sont défaillantes et d'autres confient des parties de leurs projets à des prestataires spéculateurs sous forme de sous-traitance», nous a chuchoté un chef d'entreprise ayant requis l'anonymat. Les causes des retards des projets extra-budgétaires à Mascara sont loin d'être toutes connues.