Proclamée en octobre 1923, la République turque sous l'égide de Mustafa Kemal, qui devient Atatürk (le père de la nation), voit le système du califat aboli en mars 1924. Le référendum sur l'extension des pouvoirs du président Recep Tayyip Erdogan a vu le camp du oui l'emporter dimanche par quelque 51,4% des voix, selon un décompte non officiel des médias. Ainsi, la révision constitutionnelle acceptée par la voie des urnes représente le plus important bouleversement du système de gouvernance en Turquie depuis la fondation de la République par Mustafa Kemal Atatürk en 1923. Elle met en place un régime présidentiel très favorable au président Recep Tayyip Erdogan, le leader du Parti de la justice et du développement (AKP). Ce dernier pourrait rester au pouvoir jusqu'en 2029. En effet, les prochaines élections présidentielle et législatives sont prévues le 3 novembre 2019. Conformément au nouveau texte, le Président sera élu pour un mandat de cinq ans renouvelable une fois, mais ne prend pas en compte les résultats des élections antérieures. Le poste de Premier ministre est supprimé. Il revient au Président de nommer les ministres. Volet justice, il a le pouvoir de désigner 12 des 15 membres de la Cour constitutionnelle et 6 des 13 membres du Haut conseil des juges et procureurs chargé de nommer et de destituer le personnel du système judiciaire. Le Parlement choisira les sept restants. Le Président pourra aussi nommer le Haut commandement militaire, les chefs du renseignement. Le chef de l'Etat pourra, par ailleurs, gouverner par décrets et proclamer l'état d'urgence. Il conservera son droit de veto opposable à une loi votée par le Parlement pour imposer une seconde lecture. La nouvelle Constitution offre aussi au Président la possibilité de dissoudre l'Assemblée et de gouverner par décret-loi. Proclamée en octobre 1923, la République turque sous l'égide de Mustafa Kemal, qui devient Atatürk (le père de la nation), voit le système du califat aboli en mars 1924. Suit la consécration du caractère séculier de l'Etat. Deux faits nouveaux émergent après la Seconde Guerre mondiale en Turquie. Il s'agit en premier lieu de l'abolition du système du parti unique en novembre 1945, et une nouvelle formation politique, à savoir le Parti démocratique, gagne les élections législatives de juillet 1946. Suit l'abandon par le nouveau pouvoir de sa politique de neutralité observée jusque-là, lequel bascule dans le camp occidental. En 1952, la Turquie intègre l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN). Pour préserver les principes kemalistes, comme elle l'a affirmé, l'armée s'empare du pouvoir en mai 1960. Elle récidivera en 1971 et en 1980. Elaborée à la suite du coup d'Etat militaire de 1980, la Constitution de 1982 a toujours été contestée en Turquie, car l'armée y a accaparé le rôle de régulateur du système. Progressivement, la Turquie effectue son retour à la démocratie en 1983 sous la direction de Turgut Özal et de sa formation politique, le Parti de la mère patrie (ANAP). D'autant qu'il souhaite intégrer son pays dans la communauté européenne. Dans la perspective de l'ouverture des négociations d'adhésion avec l'Union européenne (UE), la Loi fondamentale turque est réformée au début des années 2000, afin de répondre aux normes européennes en matière de respect des libertés fondamentales. Ainsi, faudrait-il aussi réduire le rôle que l'armée exerçait dans la vie politique, notamment par l'intermédiaire du Conseil de sécurité nationale, dont la composition et le rôle sont remaniés lors de la révision d'octobre 2001. Arrivé au pouvoir en 2002, l'AKP a poursuivi cette ligne, en facilitant l'application de la convention européenne des droits de l'homme par la justice turque et en consacrant l'égalité hommes-femmes, ainsi que l'abolition de la peine de mort par une autre révision constitutionnelle, adoptée en 2004. Longue bataille pour rester au pouvoir En 2007, les partisans kemalistes au niveau de l'armée, la justice, entre autres, ont empêché l'élection par le Parlement de R. T. Erdogan à la présidence de la République. De son côté, l'AKP a fait adopter par référendum une révision constitutionnelle qui réduit le mandat présidentiel de sept à cinq ans et instaure l'élection présidentielle au suffrage universel. Le 10 août 2014, le président Erdogan est élu chef de l'Etat dès le premier tour de l'élection présidentielle, qui se déroule pour la première fois au suffrage universel direct. Aux élections législatives du 7 juin 2015, l'AKP arrive en tête, mais est pour la première fois privé de sa majorité absolue au Parlement, en raison notamment du bon score du parti pro-kurde HDP de Selahattin Demirtas. Le président Erdogan convoque des élections anticipées le 1er novembre suivant, remportées par l'AKP. Dans la nuit du 15 au 16 juillet 2016, il y a une tentative de coup d'Etat par une faction de l'armée. Elle est imputée au prédicateur islamiste Fethullah Gülen, installé aux Etats-Unis.