Hocini Mohand, maçon aux Ouacifs, a été jeté en prison le 12 novembre pour avoir squatté un logement social. Il a été mis en détention en procédure de flagrant délit. La machine judiciaire a été implacable contre ce pauvre citoyen qui habitait avec ses sept enfants une maison sinistrée, appartenant à un tiers, au village Taguemount. Sans abri, le maçon est allé avec sa famille prendre possession d'un logement social, le 24 septembre dernier. Cet acte est bien entendu illégal, d'autant plus que les 10 logements de la cité venaient de faire l'objet d'une attribution, mais la riposte énergique des autorités est stupéfiante, puisqu'il s'agit de la seule mise en détention sur les 1230 logements squattés dans la wilaya de Tizi Ouzou. L'Etat s'avère fort quand le contrevenant est pauvre et isolé. Le citoyen des Ouacifs est maçon et seul squatteur de la cité. Sa famille rappelle qu'il est fils de chahid et que sa première demande de logement remonte à 1982. Mais est-ce que cela émeut quelque autorité ou change quoi que ce soit au dossier de l'infortuné villageois ?A Azazga, une récente tentative de démolition d'une construction illicite a échoué, le mis en cause s'étant mis en travers de l'engin dépêché par l'APC. Le dispositif des autorités, soutenu par la force publique, a reculé. Comment l'auteur de la construction illicite s'était-il défendu devant les pouvoirs publics ? Il a simplement refusé qu'il subisse un sort qui n'a jamais été réservé aux dizaines de constructeurs illicites et de squatteurs d'espaces publics, qui ont pignon sur rue dans la localité. L'homme a contrevenu à la réglementation mais son argument est tout ce qu'il y a de fondé. Le squat est un phénomène inventé, pratiqué et enraciné par le système politique. Etre chef de kasma FLN dans les décennies précédentes, c'était être chef d'un projet de squat, de dilapidation et d'accaparement en tous genres. Les squatteurs de logements sociaux d'aujourd'hui ne sont rien devant les actuels milliardaires, propriétaires d'immeubles et de centres commerciaux au centre-ville et qui, il y a vingt ans, étaient de petits fonctionnaires cooptés dans les structures du parti unique, grâce à leur vocation à l'allégeance et une certaine maîtrise de la langue officielle.