Des diabétiques ont été sommés par la CNAS de payer des bandelettes qui leur ont été prescrites en 2013, sous peine de leur retirer leur carte Chifa. De nombreux malades diabétiques de la wilaya de Boumerdès se disent outrés par «le chantage» exercé à leur égard par la Caisse nationale d'assurance sociale (CNAS) de Boumerdès. «La Cnas nous a envoyé des convocations récemment pour nous faire payer des bandelettes prescrites par leurs médecins traitants en 2013. Sinon elle va nous retirer nos cartes Chifa», rapportent certains diabétiques. La Cnas précise que cette mesure a été prise en application d'une réglementation parue en 2015, qui limite les bandelettes aux diabétiques à une seule boîte de 50. Mais elle n'a pas hésité à l'appliquer rétroactivement aux années précédentes, alors qu'il n'en est fait mention nulle part. Des malades se sont vu ainsi contraints de payer jusqu'à 25 000 DA, sachant que la boîte est limitée à un trimestre depuis 2015. Si le patient en a pris deux ou trois par trimestre antérieurement, il se voit obligé de s'acquitter de toutes les boîtes supplémentaires durant les années précédentes. Le président de l'Association des diabétiques de Boumerdès, Mokri Mohamed, interpelle les responsables de la Cnas sur cette «hogra» et défend le principe du remboursement du nombre de bandelettes pour un trimestre. Ce qui équivaut normalement à 2 boîtes (100 bandelettes) et non une boîte (50 bandelettes), juste suffisante pour un mois et demi. De plus, un diabétique régulièrement alimenté fait moins de complications et les hôpitaux seraient beaucoup moins sollicités, d'où une économie de dépenses pour la santé publique. Les doléances des diabétiques s'étendent également à la création d'un service de diabétologie et d'endocrinologie, absent dans une wilaya qui compte plus de 15 000 diabétiques. M. Mokri lance également un appel aux responsables de la santé pour se pencher sur la situation de la Maison des diabétiques se trouvant à Boudouaou, qui ne possède qu'un seul médecin et peu de moyens matériels. Les malades hypertendus, eux, affirment que la Cnas refuse de leur rembourser le vaccin antigrippal sous prétexte que l'arrêté du 03/2008 considère que seules sont éligibles les personnes âgées de plus de 65 ans et les malades atteints de pathologies chroniques pulmonaire, cardiaque ou rénale. Selon le service du contrôle médical de la Cnas de Boumerdès, «l'hypertension artérielle n'est pas classée comme maladie cardiaque par la nomenclature officielle». Mais cette justification est battue en brèche par des cas avérés de malades chroniques qui se faisaient rembourser le vaccin contre la grippe les années précédentes, alors qu'aujourd'hui on leur sort un arrêté de 2008. Pourquoi ne pas l'avoir appliqué plus tôt ? Avec cette mesure, l'Etat décourage les malades chroniques hypertendus à se faire vacciner et risque de voir les dépenses augmenter pour les consultations et les prescriptions contre la grippe. En somme, la Cnas obtiendra l'effet contraire de celui qu'elle recherche. Si elle persiste, une seule explication est possible : au nom de l'austérité, on cherche à faire du commerce sur le dos des malades chroniques. Autrement dit, on reprend d'une main ce qu'on a donné de l'autre.