C'est une vraie relève qui vient d'émerger à Bouhinoun, un des grands villages de la commune de Tizi Ouzou, situé à 7 km au sud du chef-lieu de la wilaya, avec la célébration, la semaine dernière, du Printemps berbère par la jeune association culturelle et scientifique Allagh. Par cette activité, le collectif animant l'association, en majorité de jeunes étudiantes et étudiants, a réussi, avec le comité du village, une impeccable organisation pour cette 2e édition du prix Taous Amrouche, dédié cette fois à deux personnalités, maître Abdennour Ali Yahia et Arab Aknine, auteurs et infatigables militants de tamazight et des droits de l'homme. Cette occasion a permis aux organisateurs de rassembler tout Bouhinoun, ainsi que de nombreux invités. Ouahab Aït Menguellet, président de l'APC de Tizi Ouzou, s'est enorgueilli de se retrouver parmi cette relève concernant le combat pour l'amazighité, saluant l'association Allagh présidée par Mlle Kahina Bouayad. Il les félicite et les assure de son soutien dans cette louable initiative d'honorer «d'aussi grands maquisards de l'amazighité, des droits de l'homme et des libertés démocratiques, en les personnes de Arab Aknine et de Abdennour Ali Yahia». M. Lakabi, représentant de Me Ali Yahia, 97 ans (malade, ne pouvant donc pas se déplacer), a lu pour l'assistance un long message du vaillant avocat. «En écrivant ce texte, je sens tout d'abord le devoir d'évoquer la mémoire de tous les Algériens qui se sont sacrifiés pour la libération de notre pays du joug colonial. La Révolution, inachevée et détournée, a dévoré ses enfants, Ouali Bennai, Amar Ould Hamouda, M'Barek Aït Menguellet et tant d'autres qui ont récupéré l'histoire et la mémoire du peuple amazigh». Il ajoute plus loin encore que «la culture amazighe a une belle puissance de vie qu'elle a gardée avec son vocabulaire, sa phonétique et sa syntaxe. C'est un droit inaliénable que de mener à terme le combat pour la reconnaissance de tamazight, qui a été une longue attente et une forte exigence comme langue officielle de l'Etat au même titre que l'arabe. Lui refuser ce droit, c'est renforcer, dans les faits, l'injustice et l'inégalité». M. Aknine retracera, lors de sa conférence, le cheminement de tamazight avec le mouvement de 1980 en évoquant le travail de Mammeri pour cette langue, invitant les jeunes à relire son œuvre, notamment le précieux Tajerrumt.