Pierre Gemayel, chrétien maronite, 34 ans, est le fils de l'ancien président Amine Gemayel et neveu du président assassiné en 1982, Bechir Gemayel. Il fait partie de la majorité parlementaire anti-syrienne. Le ministre est le premier homme politique anti-syrien à être assassiné depuis Guebran Toueni, tué dans l'explosion d'une voiture piégée, le 12 décembre 2005. Le ministre libanais de l'Industrie, Pierre Gemayel, a été tué hier dans un attentat. Peu auparavant, une source proche de la famille indiquait que « M. Gemayel a été blessé dans un attentat et se trouve dans un hôpital de Dora », dans la banlieue nord de Beyrouth. Saâd Hariri, le fils de l'ex-Premier ministre libanais tué et chef de la majorité parlementaire anti-syrienne, a accusé, mardi, la Syrie d'être impliquée dans l'assassinat de Pierre Gemayel, lors d'un entretien avec la chaîne américaine CNN. Selon des témoins, un ou des inconnus ont ouvert le feu sur Pierre Gemayel alors qu'il se trouvait à bord de sa voiture à Jdeideh, un faubourg chrétien situé à l'extrémité nord de la capitale, qui est également sa circonscription électorale. Avant même cet attentat qui n'est pas le premier du genre, le Premier ministre libanais, Fouad Siniora, avait appelé au dialogue « ouvert et franc » pour désamorcer la crise politique qui règne au Liban. « Nous avons besoin d'un dialogue ouvert et franc pour régler les différends et effacer le manque de confiance entre les parties en conflit », a déclaré M. Siniora devant des diplomates étrangers en poste à Beyrouth, à l'occasion d'un bilan, 100 jours après la fin d'un mois d'agression israélienne contre le Liban. « Nous devons être très prudents dans les circonstances actuelles, les tensions sont très vives », a-t-il souligné. M. Siniora a, par ailleurs, évoqué les efforts du gouvernement dans la réhabilitation et la reconstruction du pays ravagé par l'agression israélienne de juillet-août 2006. Dimanche dernier, le leader du mouvement de résistance libanais, Hezbollah, Hassan Nasrallah a déclaré qu'il existait « deux solutions pour sortir de la crise politique » actuelle au Liban. Il a cité la « formation d'un gouvernement d'union nationale auquel participeront toutes les forces politiques », ou l'organisation d'élections législatives « anticipées ». Le Liban fait face à une grave crise politique, exacerbée depuis la démission, le 11 novembre, de six ministres du gouvernement, dont cinq appartenant au Hezbollah et au mouvement Amal, qui réclament une plus grande participation au gouvernement de coalition. Ces démissions sont intervenues après l'échec de concertations sur la formation d'un gouvernement d'union nationale. La ministre britannique des Affaires étrangères, Margaret Beckett, s'est dite « consternée » par l'assassinat du ministre libanais. La Grande-Bretagne « condamne » cet attentat, a déclaré Mme Beckett lors d'une conférence de presse commune avec la ministre israélienne des Affaires étrangères, Tzipi Livni. « C'est le genre d'action qui peut accroître la tension dans la région », a remarqué Mme Beckett. Les Etats-Unis ont dénoncé hier l'assassinat de Pierre Gemayel le qualifiant d'« acte de terrorisme » et ont promis d'apporter dans les semaines à venir un « soutien total » au gouvernement Siniora. Le président français Jacques Chirac a condamné dans un communiqué « l'odieux attentat » et souhaité que les assassins du ministre libanais soient « poursuivis et punis ». L'assassinat intervient également alors qu'un climat tendu perdure au long de la ligne bleue, la frontière entre le Liban et Israël. Hier, le ministre français des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, a souhaité que « des actions très directes » soient entreprises pour empêcher la livraison d'armes à destination du Hezbollah et déploré la poursuite des « survols israéliens » au Liban. Lundi, les Etats-Unis ont de nouveau accusé la Syrie et l'Iran d'essayer de renverser le gouvernement de Fouad Siniora et d'empêcher la formation d'un tribunal international chargé de juger les assassins présumés de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri. L'assassinat de Pierre Gemayel intervient quelques heures avant l'adoption par le Conseil de sécurité de l'ONU du projet de création du tribunal international qui doit juger les assassins de Hariri. Damas a fermement dénoncé l'assassinat de Pierre Gemayel.