Avec 15 voix le séparant du postulant de l'Alliance nationale républicaine (ANR), le candidat du Front des forces socialistes (FFS) pour l'Europe hors France et l'Amérique (zone 4) a annoncé avoir déposé un recours auprès du Conseil constitutionnel. Ce dernier devrait statuer d'ici le 17 mai. Dès la publication des résultats provisoires par l'institution, les langues ont commencé à se délier. Mohamed Ferrah n'y va pas par quatre chemins. Il s'en prend directement dans son recours aux responsables des bureaux de vote en Espagne, en Belgique et en Allemagne (Francfort). «A Madrid et Alicante, des fonctionnaires des consulats se sont amusés à voter par procuration à plusieurs reprises. Sur les PV, on ne mentionne même pas le nombre de votants par procuration», explique celui qui est à 15 voix d'un poste de député. Il a récolté 1208 voix contre 1223 pour Noreddine Belmeddah, député sortant FLN, réélu sous les couleurs de l'ANR. «Les urnes des bureaux de vote de Charleroi, Luxembourg, Gand et Liège ont été acheminées à Bruxelles sans les surveillants après le vote du week-end. Elles ont passé deux nuits à l'hôtel Royal de Bruxelles avant d'être exposées aux votants le dernier jour du scrutin le jeudi 4 mai», ajoute Mohamed Ferrah qui ne mâche pas ses mots quand il parle du vote par procuration qui serait la brèche par laquelle s'introduit le «diable» de la fraude. «A Francfort, c'est le même processus qu'ailleurs. Des fonctionnaires avec 20 procurations ont voté pour leurs connaissances. Or, la loi n'autorise qu'une seule procuration par personne et que celle-ci doit être motivée par des contraintes majeures. Je défie le consul de Madrid et d'Alicante de mettre les registres à la disposition des experts. Ils trouveront des personnes qui ont voté plusieurs fois par procuration», continue-t-il. Autre reproche : la composition du personnel des bureaux de vote. «Le bureau de vote devait être composé uniquement de citoyens résidant dans la zone mais en réalité la majorité sont des fonctionnaires des consulats», explique-t-il. Mais le FFS, comme d'autres partis, avait des surveillants et pouvaient compter les votants en temps réel... «On nous a exigé que ce soit la même personne pour tout le long des six jours du scrutin. Ce n'était pas possible qu'elle soit présente tout le temps», cet ancien élu de l'APW d'Alger. Sans le dire directement, le candidat FFS se pose des questions sur le taux de participation global. Dans le cas de Montréal, où se trouve le tiers des voix qu'il a récoltées dans la zone 4, l'évolution du taux de participation laisse perplexe. Selon les observateurs, le samedi 29 et le dimanche 30 avril, un beau week-end à Montréal, le nombre de votants était de 154. Lundi, mardi et mercredi «il y a eu de la pluie et une journée de semaine, nous n'avons pas eu de surveillant, ajoute-t-il. Et jeudi matin, on a eu 1000 voix de plus a raison de 350 voix par jour de semaine !» Sur les 955 466 inscrits à l'étranger, 95 844 ont voté, soit un taux de participation de 10 %. En Europe hors France et dans les Amériques, sur les 133 377 inscrits, 11 849 ont voté, soit un taux de participation de 9%. Invité à commenter le recours du FFS, le député élu Noreddine Belmeddah dira que «le FFS a le droit d'introduire des recours, mais ailleurs qu'au Canada, il a été classé troisième, cinquième et parfois n'a obtenu aucune voix». La tâche ne sera pas facile avec le Conseil constitutionnel, puisque le fardeau de la preuve repose sur le dos du FFS dans son recours. Mais elle permettra aux citoyens et à l'observateur de voir clairement les mécanismes de la fraude dans les bureaux ouverts pour les Algériens de l'étranger.