« Nous n'allons pas réduire les dépenses budgétaires, mais les stabiliser sur les trois prochaines années. Dans d'autres pays, les coupes budgétaires se traduisent par des licenciements, une hausse du taux de chômage et l'arrêt des projets publics, alors qu'en Algérie, le gouvernement a continué à financer les projets en cours de réalisation et maintenu les acquis sociaux et la subvention des produits de large consommation », a-t-il déclaré dans un entretien accordé à l'APS au sujet de la loi de finances pour 2017. Il a fait observer que « ce n'est pas par austérité que le gouvernement s'est abstenu de lancer de nouveaux projets, mais plutôt par souci d'achever ceux qui sont déjà en chantier ». S'agissant de la préservation des acquis sociaux qui, a-t-il souligné, coûtent à l'Etat près de 30% du PIB, elle devrait se traduire en 2017 « par une stabilité des prix des produits de base et un maintien des dépenses de l'éducation, de la santé et des dispositifs de l'emploi de jeunes ». « La politique sociale sera maintenue tant que le gouvernement n'a pas mis en place un système de subventions efficace », a-t-il indiqué. Selon Baba Ammi, un dispositif de ciblage des subventions est actuellement à l'étude. Toutefois, il reconnaît que « les subventions généralisées pèsent lourdement sur le budget de l'Etat et ne sont pas équitables, car ne profitant pas toujours aux plus défavorisés ». Recourir au Fonds de régulation des recettes en 2017 et à l'endettement extérieur n'est pas à écarter Le ministre a avancé que pour combler le déficit budgétaire, le Fonds de régulation des recettes (FRR) sera de nouveau sollicité pour couvrir les dépenses prévues pour l'exercice de 2017. « Nous avons continué à financer le déficit en puisant dans le FRR. L'année prochaine, nous allons recourir aux 740 milliards de dinars qui restent dans ce Fonds », précise Baba Ammi. Le renflouer est tributaire d'une hausse des recettes budgétaires. C'est ce qui va permettre, selon lui, « de suppléer progressivement aux ressources puisées jusque-là dans le FRR ». Mais aussi « la maîtrise des dépenses et la hausse progressive de la fiscalité ordinaire devraient contribuer à réduire progressivement le déficit budgétaire pour les prochaines années ». Selon le ministre, la hausse progressive des recettes de la fiscalité ordinaire sera beaucoup plus induite par la croissance de l'activité économique que par l'augmentation des taxes. « La gestion des finances publiques telle qu'elle a été menée jusqu'à présent nous a permis de préserver notre économie des chocs extérieurs », rappelle Baba Ammi, s'appuyant sur le constat du FMI qui a mis l'accent sur la résilience de l'économie algérienne face au choc provoqué par la chute drastique des cours du brut. Pour ce qui est du recours à l'endettement extérieur, le grand argentier du pays n'a pas écarté cette option. Cependant, il a précisé que « ce niveau bas de la dette donne à l'Algérie des capacités importantes en cas d'endettement, en donnant la possibilité, si la situation l'exige, au groupe Sonelgaz notamment, de recourir au marché financier international pour financer son important programme d'investissement. Mais malgré cette possibilité, Sonelgaz ainsi que Sonatrach n'y ont pas eu recours jusqu'à présent, car le besoin ne s'en est pas fait sentir ». Ouverture du capital des banques publiques : pas à l'ordre du jour Le ministre a, par ailleurs, informé que l'ouverture du capital des banques publiques n'est pas à l'ordre du jour, en dépit qu'elle ait figuré dans la première mouture de l'avant-projet de loi de finances 2017. « Un projet de loi de finances est vivant », a t-i indiqué. Et d'ajouter : « Il y a des propositions, des débats et des arbitrages qui se font. » Pour ce qui est de l'ouverture de nouvelles banques, un oui... mais a été affiché. « L'Algérie n'a pas fermé la porte à la possibilité d'agréer de nouvelles banques mais souhaite, toutefois, établir des partenariats avec de grandes banques internationales de premier ordre » a-t-il expliqué. Selon lui, le blocage vient de ces banques qui « conditionnent leur implantation en Algérie par une détention majoritaire dans le capital, ce qui est contradictoire avec la règle de l'investissement 51-49%.