Le ministère des Finances Hadji Baba Ammi a fait savoir qu'un dispositif de ciblage des subventions est actuellement à l'étude. Les subventions généralisées, c'est bientôt fini! C'est la bombe qu'a lâchée, hier, le ministre des Finances, Hadji Baba Ammi, dans un entretien accordé à l'APS. En effet, le grand argentier du pays a reconnu que le gouvernement était en train d'élaborer une nouvelle politique de subventions. «Un dispositif de ciblage de subventions est actuellement à l'étude», a-t-il indiqué pour confirmer ce qui n'était que rumeurs...Le ministre estime que cette décision a été prise du fait que les subventions généralisées pèsent lourdement sur le budget de l'Etat. «En plus, elles ne sont pas équitables car ne profitant pas toujours aux plus défavorisés», a-t-il justifié avant de tenter de rassurer. «La politique sociale du gouvernement sera maintenue tant que le gouvernement n'a pas mis en place un système de subventions efficace», a-t-il avancé. Une décision qui risque de faire grincer des dents parmi la population, même si les spécialistes appellent depuis longtemps au rééquilibrage de ces subventions qui risquent de mener le pays à la faillite. Toutefois, si Hadji Baba Ammi a fait peur aux Algériens avec cette annonce, il n'en demeure pas moins qu'il a insisté sur le fait que le pays était en situation de rigueur et non d'austérité. «Le gouvernement va stabiliser les dépenses publiques sur les trois prochaines années sans pour autant procéder à des coupes budgétaires», a-t-il soutenu. «Nous n'allons pas réduire les dépenses budgétaires, mais nous allons les stabiliser sur les trois prochaines années», explique-t-il. Dans d'autres pays, poursuit-il, les coupes budgétaires se traduisent par des licenciements, une hausse du taux de chômage et l'arrêt des projets publics, alors qu'en Algérie, le gouvernement a continué à financer les projets en cours de réalisation et a maintenu les acquis sociaux et le subventionnement des produits de large consommation. Il explique dans ce sens que «ce n'est pas par austérité que le gouvernement s'est abstenu de lancer de nouveaux projets, mais plutôt par souci d'achever ceux qui sont déjà en chantier». Baba Ammi revient également sur la hausse de la TVA prévue par le projet de loi de finances 2017. «Elle ne concerne en aucun cas les produits de base qui sont, d'ailleurs, exonérés de cette taxe», rétorque-t-il. Concernant le Fonds de régulation des recettes (FRR), dont les avoirs s'établissent actuellement à près de 740 milliards de DA, il sera encore sollicité en 2017 à hauteur de ce même montant pour combler le déficit budgétaire, note le ministre. «Nous avons continué à financer le déficit en puisant sur le FRR. L'année prochaine, on va puiser les 740 mds de DA qui restent dans ce fonds», précise Baba Ammi. «Il faut cependant s'attendre à une hausse des recettes budgétaires qui vont permettre de suppléer progressivement aux ressources puisées jusque-là dans le FRR», a-t-il rétorqué. La maîtrise des dépenses et la hausse progressive de la fiscalité ordinaire devraient contribuer à réduire progressivement le déficit budgétaire pour les prochaines années, prédit-il. Pour rappel, le FMI a tablé dans son rapport d'octobre en cours, relatif aux politiques budgétaires dans le monde, sur une réduction progressive du déficit budgétaire de l'Algérie durant les cinq prochaines années à -3,9% du PIB en 2021 contre -16,2% du PIB en 2015. Selon le ministre, la hausse progressive attendue des recettes de la fiscalité ordinaire sera beaucoup plus induite par la croissance de l'activité économique que par une augmentation des taxes. «La gestion des finances publiques telle qu'elle a été menée jusqu'à présent nous a permis de préserver notre économie des chocs extérieurs», rappelle le ministre, s'appuyant sur le constat du FMI qui a mis l'accent sur la résilience de l'économie algérienne face au choc provoqué par la chute drastique des cours du brut. Pour rappel, les dernières prévisions du FMI et de la Banque mondiale évoquent une croissance soutenue de l'Algérie comparée à celle d'autres pays de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (Mena). Le FMI a souligné que l'Algérie figurait parmi les pays émergents et en développement qui ont réussi à maintenir une position extérieure nette positive grâce à son très faible endettement extérieur. Sur ce point, le ministre affirme que ce niveau bas de la dette donne à l'Algérie des capacités importantes en cas d'endettement, en donnant la possibilité, si la nécessité l'exige, au groupe Sonelgaz notamment, de recourir au marché financier international pour financer son important programme d'investissements. Mais malgré cette possibilité, Sonelgaz ainsi que Sonatrach n'y ont pas eu recours jusqu'à présent, car le besoin ne s'en est pas fait sentir, a conclu le ministre.