Les infections fongiques invasives sont à l'origine des décès. Elles sont redoutées dans les services d'onco-hématologie et en réanimation, l'environnement propice pour ce type d'infections. La prévalence de ces infestations est à ce jour méconnue et les services concernés continuent d'enregistrer ces infections, dont le coût de prise en charge revient souvent cher. Les spécialistes estiment qu'il est important d'agir en amont et d'identifier d'emblée les patients à haut risque de développer ces infections graves. C'est du moins ce qui ressort de la rencontre organisée mercredi par les laboratoires Pfizer sur les recommandations internationales sur la prise en charge des infections fongiques invasives. Après une présentation de deux cas cliniques des services d'hématologie de l'hôpital de Beni Mesous et du Centre Pierre et Marie Curie à Alger, le Dr Eggman Philipe, du service de médecine intensive adulte à Lausane, en Suisse, a rappelé que les infections fongiques sont nettement émergentes et de mieux en mieux connues. Présentant les différentes études réalisées à travers le monde, l'orateur signale qu'avec les traitements actuels, on arrive à réduire la mortalité alors que les infections restent élevées en fonction du champignon. «Elles sont généralement liées au cathéter, mais avec l'introduction des nouveaux pansements anti-infectants, on a pu réduire le taux de ces infections», a-t-il signalé. Le débat a également porté sur la nécessité d'enlever ou non le cathéter lorsque l'infection est là. La décision est vite prise par les réanimateurs, qui est l'ablation, alors que les hématologues insistent sur le respect du protocole de chimiothérapie à suivre. La question de la prophylaxie a été également au centre du débat, mais les avis restent tout de même partagés. «On ne peut pas mettre tous les malades sous traitement antifongique, mais il y a entre 15 à 20% de patients à traiter précocement. Les outils nécessaires pour aider à la prise de décision existent», a indiqué le Dr Eggman. Le traitement des infections fongiques se fait à l'aveuglette, précise le Pr Malek Benakli, chef de service de l'unité greffe au CPMC, car le diagnostic de ces infections reste un «diagnostic probable». «Le contexte dans un service d'hématologie chez des patients souffrant d'une leucémie aiguë est particulier. Les patients arrivent avec un déficit immunitaire aggravé par la chimiothérapie. Ils font face à un haut risque de développer une infection. Ce sont des patients en situation de vulnérabilité et à risque élevé. Pour certains patients, on n'attend pas d'avoir les résultats des examens biologiques pour commencer le traitement, surtout que souvent nous avons de faux négatifs. Nous sommes dans l'obligation de traiter, sachant que le risque de mortalité est élevé», a-t-il expliqué, soulignant que la prophylaxie (primaire et secondaire) est recommandée dans certains cas à haut risque. Le Pr Benakli a, par ailleurs, insisté sur le renforcement des conditions d'hygiène et d'asepsie dans ces services. «Nous arrivons quand même à améliorer la survie de ces patients avec les traitements que nous avons actuellement ainsi que le respect des conditions d'asepsie. C'est pourquoi, nous insistons sur l'ouverture de centres à travers le pays pour justement pouvoir isoler les malades dans des chambres stériles et les traiter de manière efficace», a-t-il lancé.