L'Algérie s'est désindustrialisée au cours des trois dernières décennies», ont constaté la BAD et ses partenaires dans le rapport sur les perspectives économiques de l'Afrique en 2017. Un diagnostic appuyé par des chiffres. En 2015, l'industrie manufacturière hors hydrocarbures ne représentait plus que 5% du PIB, contre 35% à la fin des années 80'. En termes de valeur ajoutée, le secteur privé domine les branches cuirs et chaussures avec (90%), textile (87%) ; agroalimentaire (87%) ; chimie, caoutchouc et plastiques (78%) y compris les produits pharmaceutiques) ; et matériaux de construction (52%). L'Algérie compte près de 2,7 millions d'entrepreneurs privés, dont 16% opèrent dans l'industrie. D'autres filières sont en phase de développement avec cette politique de réindustrialisation annoncée notamment dans le cadre du nouveau plan de croissance économique adopté en juillet dernier et mis en exergue à travers ses principaux axes orientés vers le secteur privé et sur une stratégie triennale de stabilisation du budget pour faire face à l'impact de la baisse des cours du pétrole sur l'économie. Et ce, à travers des performances économiques qui continuent d'être affectées par la chute des prix du baril passés, pour rappel, de 99 dollars américains en moyenne en 2014 à 53 dollars en 2015, puis 45 dollars en 2016. Une situation conjuguée à une forte appréciation du dollar. «Ce choc externe s'est traduit, tout comme en 2015, par un creusement des déficits budgétaires et extérieur. «L'impact sur le secteur réel reste cependant limité», indique le document. Rappelant qu'en 2016 la croissance du Produit intérieur brut (PIB) s'est établie à 3,5 %, contre 3,8 % en 2015, les rédacteurs de ce document de 344 pages soulignent que cette évolution fait suite à la reprise qui se confirme dans le secteur des hydrocarbures grâce à une progression des activités de production, de raffinage et de liquéfaction. Mais sur un autre chapitre, l'inflation est repartie à la hausse pour s'établir à 6,4% en 2016, contre 4,8 % en 2015, après deux années consécutives de baisse en 2013 et 2014. «Cette poussée inflationniste résulte de l'augmentation des prix des biens manufacturés (+9,9%) et des services (+7,4%). Elle s'explique notamment par l'impact des restrictions aux importations, la hausse de 30% des prix du carburant en 2016, de même que les hausses attendues en 2017 de la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA)», est-il encore relevé, notant par ailleurs que les finances publiques sont marquées par l'érosion de plus de 60% des ressources du Fonds de régulation des recettes (FRR), dont le niveau plancher légal de 740 milliards de dinars algériens (DA) sera levé dès 2017. Le FRR a servi entre autres à financer le déficit du budget général. Ce dernier, pour l'année 2016, s'est établi à 13% du PIB, après un niveau record de 15% en 2015. Au niveau de la position extérieure, la balance courante a enregistré un déficit de 14% du PIB en 2016, contre 17% en 2015, alors que les réserves officielles de change ont baissé de 20% pour s'établir à 114 milliards de dollars à fin 2016. Cette évolution s'explique surtout par le déficit commercial de 11% du PIB en 2016 et 8,0% en 2015, année durant laquelle le solde de la balance commerciale est devenu négatif pour la première fois en 16 ans. C'est l'autre conséquence directe de la chute des prix du pétrole.