Le rapport estime que malgré les efforts du gouvernement en matière de climat des affaires, le rang de 30e sur 47 pays africains dans le rapport Doing Business indique que des réformes plus audacieuses et plus soutenues restent à engager. Le rapport annuel "Perspectives économiques en Afrique", résultat d'un travail de collaboration entre la Banque africaine de développement, le Centre de développement de l'OCDE et le Programme des Nations unies pour le développement, relève une désindustrialisation de l'Algérie au cours des trois dernières décennies. "En 2015, l'industrie manufacturière hors hydrocarbures a compté pour environ 5% du PIB, alors qu'elle en représentait environ 35% à la fin des années 80, indiquant une certaine désindustrialisation de l'Algérie au cours des trois dernières décennies", constate le document publié hier, évoquant l'importance de plus en plus marquée pris par le secteur privé. Dans la même année, le secteur privé a contribué à hauteur de 77% à la valeur ajoutée de l'industrie manufacturière hors hydrocarbures et compte 97% des 95 447 unités industrielles actuelles (contre 14 000 en 1988). Moins de 0,5% d'entre elles présentent un chiffre d'affaires annuel supérieur à 27 millions de dollars. En termes de valeur ajoutée, le secteur privé domine dans les cuirs et chaussures (à 90%), le textile (87%), l'agroalimentaire (87%), la chimie, les plastiques et médicaments (78%), ainsi que les matériaux de construction (52%). En revanche, note le rapport, l'industrie manufacturière des hydrocarbures est dominée par le secteur public, le secteur privé national en étant absent. "Ainsi, le secteur public industriel marchand reste prépondérant dans l'énergie (100%), les industries diverses (94%), les industries sidérurgiques, métalliques, mécaniques, électriques et électroniques (93%), les mines et carrières (90%), la transformation des hydrocarbures (88%), ainsi que le bois, le liège et le papier (51%)", précise le document, indiquant que ce secteur public industriel a connu une chute régulière de certaines de ses productions. Le secteur privé algérien est composé à 95% de TPE Evoquant la performance industrielle, le rapport relève que la productivité apparente, toutes branches confondues, est passée de 48 500 à 28 500 dollars par personne occupée entre 2005 et 2015, marquant un recul moyen de 5% par an, imputable à la dévaluation du dinar et à la baisse du prix du baril de brut. Hors hydrocarbures, la productivité est nettement inférieure, soit 5 844 dollars en 2015. "Trois décennies après l'amorce des réformes, l'industrie en Algérie reste dominée par les hydrocarbures qui constituent sa principale ressource. Les exportations hors hydrocarbures ne dépassent pas 2 milliards dollars", souligne le document. Ce dernier note qu'en dehors de quelques entreprises familiales de dimension moyenne, le secteur privé algérien est composé à 95% de très petites entreprises (TPE), exerçant majoritairement dans le commerce (55%), les services (34%), l'industrie (10%) et la construction (1%). Son développement et son influence restent plutôt modestes, bien qu'il assure 61% de l'emploi en 2016. Les rédacteurs du rapport estiment que malgré les efforts du gouvernement en matière de climat des affaires, le rang de 30e sur 47 pays africains dans le rapport Doing Business indique que des réformes plus audacieuses et plus soutenues restent à engager. Parmi les aspects à améliorer, le rapport a identifié l'accès au crédit, la protection des investisseurs minoritaires, le commerce transfrontalier, la réglementation du marché des facteurs (main-d'œuvre et terres) et le transfert de propriété. La croissance en volume s'est établie à 3,5% en 2016 "Compte tenu de la forte dépendance de l'Algérie aux hydrocarbures, l'année 2016 a enregistré une poursuite des effets de la baisse de cours du pétrole. Tout comme en 2015, l'impact de ce choc externe s'est traduit par un creusement des déficits budgétaire et extérieur, son incidence sur le secteur réel restant limitée", relève l'édition 2017 du rapport Perspectives économiques en Afrique. La croissance en volume du produit intérieur brut (PIB) s'est établie à 3,5% en 2016 contre 3,8 % en 2015, suite au rebond de la production des hydrocarbures depuis 2015 (+0,4 %), après neuf années consécutives de baisse. Le secteur hors hydrocarbures a crû de 3,3 %, marquant pour la première fois, en 20 ans, une croissance inférieure à celle du PIB global. Le rapport prévoit un taux de croissance de 3,9% en 2017 et de 3,7% en 2018. "Conséquence de la baisse du cours du baril de pétrole, les comptes de l'Etat ont été affectés de manière notable", note le rapport, indiquant que le déficit budgétaire a atteint 15% et 13% du PIB en 2015 et 2016, et l'épargne nationale du FRR a connu une baisse drastique, passant de 26% du PIB en 2014 à 12,5% en 2015, puis à 4,5% 2016, puis un niveau attendu à 0,5% PIB en 2017. "Face à cette situation, l'Algérie devra faire appel à des financements aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur", estime-t-on. Selon le document, l'encours de la dette intérieure a connu une hausse de 137% entre 2015 et 2016. Cependant, si en termes de variation l'on observe plus qu'un doublement, l'encours reste, toutefois, à un niveau soutenable de 19% du PIB à fin 2016, contre 8,3% à fin 2015. Meziane Rabhi