Le problème de distribution de ciment à l'ECDE Chlef continue de défrayer la chronique avec son lot d'opacité dans la gestion de ce volet et de passe-droits. Les entrepreneurs de la wilaya de Chlef avaient déjà stigmatisé leur «exclusion» et attiré l'attention des pouvoirs publics sur ce phénomène qui tend à prendre des proportions graves, paralysant les projets publics et mettant en péril l'avenir des entreprises de réalisation. Cependant, les autorités concernées affichent un silence étrange face à cette situation maintes fois dénoncée par les utilisateurs de ce matériau stratégique, notamment les entrepreneurs locaux engagés dans la mise en œuvre des programmes de développement socio-économiques. Les chiffres avancés par les responsables de l'ECDE, lors de la visite de l'ex-ministre de l'Industrie et des Mines en avril dernier, ne font qu'ajouter au flou qui entoure la distribution de ce matériau stratégique dans la région. En effet, il ressort de leur exposé que «la wilaya de Chlef n'a bénéficié en 2016 que de 14%, soit 301 000 tonnes, de la totalité de la production de ciment s'élevant à 2 135 257 tonnes. Le reste, à savoir 86% de la marchandise, a été distribué au profit d'autres wilayas». Pour les plaignants, la situation s'est fortement dégradée depuis le changement intervenu, l'année dernière, à la tête de l'entreprise des ciments et dérivés de Chlef. Auparavant, soulignent-ils, les entreprises de réalisation locales et celles ayant investi dans les centrales à béton, étaient normalement approvisionnées auprès de l'ECDE. Pour en savoir plus sur ce problème, nous nous sommes rendus jeudi dernier dans la zone industrielle de Oued Sly, où se trouve le complexe de production de ciment de l'ECDE, d'une capacité de production journalière de 7000 tonnes. A l'entrée de l'usine, nous apercevons de longues files de camions venus de Boumerdès, Meftah, Tizi Ouzou, Alger et d'autres régions du centre du pays. De temps à autre, des personnes présentées comme des «clients prioritaires», immatriculés hors wilaya, sortent d'on ne sait où en franchissent allègrement le portail d'entrée sans être inquiétés par les agents de sécurité postés à cet endroit . «Lorsque nous osons demander des explications, on nous menace de poursuites judiciaires ou d'interdiction d'entrée à l'usine», se plaignent des transporteurs de Chlef faisant le pied de grue devant l'usine en attendant un éventuel déblocage concernant leur approvisionnement. Pour eux, il n'est pas toujours aisé de comprendre ce qui se passe à l'intérieur de l'usine. «Ce qui est sûr, c'est que le problème est surtout lié à la mauvaise programmation et organisation de la vente», affirment-ils.
Spéculation Nous avons essayé de joindre les responsables de l'ECDE, malheureusement toutes nos tentatives se sont avérées vaines. Il est donc légitime de se poser des questions sur ces pratiques, au moment où la spéculation sur le ciment bat son plein, au su et au vu de tout le monde. A quelques encablures de la cimenterie, le café, où s'achètent et se vendent les bons d'enlèvement de ciment délivrés par l'ECDE reste ouvert pour ce genre de transactions illégales, une activité juteuse qui rapporte gros à ses barons. On apprend ainsi que des documents sont vendus à des prix très élevés, soit plus du double de ceux pratiqués par l'entreprise des ciments. De nombreux entrepreneurs de Chlef, privés de leur quota de ciment, ont dû passer par là pour ne pas arrêter leurs chantiers. Mais jusqu'à quand cette situation va-t-elle durer ?