L'université Saâd Dahleb de Blida-Soumâa ouvre officiellement ses salles pédagogiques aujourd'hui avec près de 10 000 étudiants en plus, donnant ainsi un total de 44 000 étudiants pour l'année 2004-2005. La rectrice, Mme Mimoune, semblait à l'aise la veille et fière d'annoncer l'ouverture du doctorat dans toutes les filières à Blida et l'inscription - déjà - de près de 200 postulants. L'université de Blida sera encadrée encore cette année avec « un petit peu moins de la moitié du personnel pédagogique comme vacataires », mais cela ne peut nullement influer sur la qualité de l'enseignement. « Il existe des enseignants titulaires de leurs postes qui donnent moins », selon Mme Mimoune, qui attirera l'attention sur le programme spécial engagé avec la France, le programme senior, où des enseignants en préretraite ou retraités seront recrutés par une commission mixte algéro-française à partir de la formulation des besoins et de la volonté de ce personnel d'apporter son expérience au profit de l'université algérienne. Cette coopération s'ajoute à celle existante déjà dans le domaine de la postgraduation où des interventions ponctuelles ont cours. L'incidence financière n'a pas été abordée et l'Etat semble ne pas lésiner sur les moyens. Chimiste de formation et exerçant dans une université qui se voulait orientée vers la technologie avec, notamment, la filière aéronautique, « unique en Algérie et au Maghreb », selon notre interlocutrice, cette dernière affirme que toutes les facultés sont sur un pied d'égalité, que l'université est ouverte à toutes les spécialisations et la toute nouvelle « université des sciences agronomiques et vétérinaires permet la création de 2000 places pédagogiques, tout comme la dizaine d'ateliers en architecture offrant près de 400 places ». Sept facultés tenteront de juguler l'arrivée massive de jeunes débutants qui ont eu à parcourir des milliers de mètres afin de trouver le service qu'il fallait pour la place pédagogique, puis le dépôt du dossier de bourse, dont les imprimés avaient disparu momentanément jusqu'à faire dire à certains qu'ils se vendaient sous le manteau, puis l'escalade dans les difficultés afin de se débrouiller un lit, signe d'une stabilité ouvrant la voie à des études moins harassantes. Il est bon de savoir que l'étudiant résidant dans un périmètre de moins de trente kilomètres et ne disposant pas - c'est sûr pour la majorité écrasante - de moyens de locomotion propre à lui doit battre le pavé sur près d'un kilomètre à multiplier par deux pour le retour lorsqu'il s'agit d'emprunter la voie ferroviaire provenant de ou allant à Chiffa, Mouzaïa, El Affroun, Khemis et plus. Les 1000 lits supplémentaires réceptionnés cette année permettent de constater les capacités importantes, mais ne suffisent point à régler le déficit. Studios, chambres, emploi de nourrices contre hébergement : voilà des créneaux à investir pour l'immense cité dortoir de Ouled Yaïch ainsi que pour les communes de Soumâa, Beni Mered et Blida Les activités de loisirs et les manifestations sportives et culturelles ne sont plus ce qu'elles étaient, mais Mme Mimoune assure que des séminaires ont été organisés, des rencontres sportives se sont déroulées... « Cependant, les activités théâtrales, de cinéma ou autres occupations de ce genre étaient absentes. » Reste que la bibliothèque universitaire dispose de plus de 100 000 ouvrages et que chacune des facultés dispose de sa propre bibliothèque et que tous les ouvrages et les revues spécialisées sont mis à la disposition des étudiants de première année. La nouveauté cette année est l'adoption du nouveau système de cursus universitaire avec le LMD (Licence/Master/Doctorat) et qui concernera d'abord trois filières : science et technique, science de la matière, maths et informatique appliquées aux sciences (MIAS) avec de petits effectifs pour commencer. « Toutefois, nous n'abandonnons pas l'ancien système pour les mêmes filières ; cela évoluera en parallèle et c'est l'étudiant lui-même qui choisira son système. » Il sera précisé que près d'une soixantaine d'étudiants en MIAS ont déjà choisi pour cette année le nouveau système et que toutes les précautions avaient été prises à l'avance avec des audits, et « cela est prêt », dira dans un souffle Mme la rectrice. Arrivée tôt et partie tard, elle déclare que c'est une tâche exaltante à laquelle elle se consacre et que son souhait est de développer davantage cette université. Possédant un doctorat d'Etat en chimie et ayant vécu nombre d'années à l'université, elle espère marquer son passage, elle qui préside les conférences régionales des universités du Centre, et souhaite aussi que les futurs dirigeants de ce pays soient issus dans leur majorité de l'université Saâd Dahleb de Blida. En attendant, il faudra sans doute songer à améliorer la qualité de l'encadrement puisque, selon un rapport de la commission de l'apw de Blida, il ressortait que 958 enseignants ne disposaient que d'une licence et que la faculté des sciences sociales ne compte que trois chargés de cours pour le département d'anglais et qui doivent faire face à pas moins de 2000 étudiants cette année. Ce déficit est expliqué par la forte demande émanant du secteur privé offrant de meilleurs salaires et des perspectives plus exaltantes aux encadreurs qui déclinent alors l'enseignement. La commission issue de l'APW avait également dressé un tableau sombre de la situation vécue par l'institut d'hydraulique, rapport établi à la fin du mois de décembre dernier et qui revenait ensuite sur l'état des réfectoires au mois d'avril : une impression d'abandon dans des espaces aussi vastes que ceux de l'université et servant parfois de pâturage à des animaux venant du piémont et trouvant de quoi se remplir les panses chez les humains. 2005 serait-elle un meilleur cru ? Avec l'amélioration de l'environnement de l'étudiant grâce à la vigilance de la dizaine d'associations les regroupant, tout un chacun l'espère.