Arfaoui Benarfaoui, 53 ans, est l'exemple même de l'universitaire qui veut mettre à la disposition de tous l'ensemble de ses connaissances et qui rêve de jeter de multiples ponts entre l'université et le monde de l'entrepreneuriat. Il a créé Formadiesel, une start-up au succès avéré. Il a bien voulu répondre à quelques questions. Comment vous est venue l'idée de créer Formadiesel ? L'université algérienne recèle de nombreuses compétences. Ce savoir doit être concrétisé au profit de la société. Avec les NTIC qui offrent d'immenses possibilités, j'ai pensé que des dizaines de mécaniciens et d'électriciens auto pourraient bénéficier des techniques de pointe dans le cadre de leurs activités professionnelles consistant à réparer des moteurs de plus en plus bourrés d'électronique et de circuits électriques. Aujourd'hui, nous avons des dizaines de postulants à cette formation venant de plusieurs pays du monde. Je suis assez fier du résultat rendu possible grâce à mes collaborateurs. Ce projet est le labeur d'une vie et il reste tant de choses à réaliser pour le mettre sur des bases solides et le développer dans un environnement extrêmement problématique, mais je ne baisse pas les bras. Quelles sont les conditions pour pouvoir s'inscrire dans votre école et quels en sont les tarifs ? Le stagiaire doit pouvoir utiliser un ordinateur, car les cours théoriques se déroulent à distance, avoir une formation de base sur le fonctionnement des moteurs et pouvoir séjourner à Biskra pour le stage pratique et les tests d'évaluation. La formation dure de 6 mois à un an et elle coûte 86 000 DA. Les repas de midi sont compris dans le coût tandis que l'hébergement est à la charge du stagiaire. Il faut savoir que cette même formation coûte 3 fois plus en Europe et que les conditions pour y accéder sont draconiennes. Elle est destinée aux techniciens, mécaniciens et électriciens auto désirant intervenir avec efficacité sur les nouveaux véhicules équipés de systèmes électroniques. Avez-vous des perspectives de développement ? A ce propos, je voudrais remercier les autorités locales et le wali de Biskra grâce à qui, après des années de nomadisme, j'ai bénéficié d'un lot de terrain de 1330 m² dans la zone ouest de Biskra pour y ériger le centre Formadiesel. Il sera doté de salles de cours et de conférences et d'espaces pour le télétravail et les vidéo-conférences, d'ateliers, d'un internat d'une capacité de 150 places, d'un restaurant, d'une cafétéria et d'un campus. Le permis de construire devrait incessamment m'être délivré. Avec le développement de l'industrie automobile en Algérie et la ferveur des Algériens pour ce moyen de locomotion, les besoins en bons techniciens vont exploser. Le temps du mécanicien traditionnel tâtonnant à la recherche d'une panne est révolu. Nous allons diversifier nos formations pour toucher à d'autres métiers liés aux automobiles et aux moyens sophistiqués d'en réparer les pannes de moteur. Votre optimisme ne vous pousse-t-il pas à nous décrire une situation idyllique ? Pas du tout, je pense que seul le travail peut payer comme on dit. Après des débuts laborieux, cette entreprise atteint sa vitesse de croisière. L'engouement des étrangers pour la formation que nous proposons est certain à l'opposé des Algériens encore réticents et toujours méfiants envers les nouvelles méthodes d'apprentissage et de formation induits par les NTIC. La seule chose qui me peine est que Formadiesel reçoive très peu d'algériens alors que les étrangers surtout de pays africains font montre d'un intéressement inouï pour la formation que nous proposons. Je pense, au risque de me répéter, que les jeunes Algériens et les professionnels des moteurs sont encore réfractaires à une formation via internet et à passer à une nouvelle étape dans la pratique de leur métier de maintenance et de réparation des moteurs basée obligatoirement sur l'informatique, un outillage et d'appareils adéquats et la maîtrise de la technologie de l'EOBD permettant d'évaluer les composants électroniques comme le calculateur, les capteurs et les actionneurs. Je souhaiterais que d'autres universitaires se lancent dans la création de start-up et ainsi faire de Biskra un pôle technologique et de formation à dimension internationale.