Suite à des échauffourées à la cité Innara à Béchar entre habitants et migrants subsahariens, la LADDH se dit «préoccupée par la répétition de ces actes ( …) et les risques de développement d'une xénophobie et d'un racisme dans un pays qui en a beaucoup souffert et qui sont une injure aux valeurs humanistes universelles professées par les militants du mouvement national algérien et de l'indépendance». L'on n'en disconvient pas et c'est de bonne guerre pour une ONG qui milite pour la défense et la promotion des droits de l'homme en Algérie et dans le monde, au même titre d'ailleurs que le CRA, qui s'échine à abréger leur détresse en leur apportant assistance. Je fais une digression pour rebondir sur l'épisode dramatique des boat-people du Viêt Nam, les rescapés de la dictature chilienne de Pinochet, ou encore, plus loin dans le temps, sur cette triste histoire des républicains espagnols qui ont échappé dans les années 1930 au despotisme franquiste. Certains d'entre eux avaient échoué sur la terre d'Algérie. Présentement, devant le grand flux de ces Subsahariens qui ont le statut de déplacés et les Syriens qui fuient le conflit dans leur pays, les pouvoirs publics ne sont pas insensibles. Ils n'ont pas hésité à mettre en place des centres d'accueil et à assurer leur prise en charge dans des conditions humanitaires. Mais lorsqu'on sillonne les espaces publics, le décor est planté. On voit ces familles subsahariennes ou syriennes improviser des campements de fortune, au pied d'un immeuble ou squattant un cul-de-sac, s'ajoutant à la scénographie des mendigots qui font la manche et autres SDF qui occupent depuis des lustres les arcades des avenues Mohamed Boukella, Che Guevara et Ali-Khodja pour ne citer que celles-là. Ces réfugiés ou exilés, c'est selon, n'ont de cesse de demander l'obole à l'entrée d'une mosquée ou dans la rue, à défaut de contempler la foule indifférente qui défile sans fin devant elles. Cela n'est pas sans provoquer un haut-le-corps lorsque le quidam croise la dèche qui terrasse ces êtres humains. Nos semblables. Faut-il se montrer indifférent sur le sort de ces migrants ? Ou leur offrir la logistique, le gîte et le couvert, avant de les laisser choir dans la masse pour tendre la sébile ?