Jamais, jamais et jamais Farid ne pourrait faire ça.» L'homme qui nous répond au téléphone est offusqué. Hafid Ikken est un des frères de Farid, le jeune Algérien accusé d'agression sur un policier devant Notre-Dame de Paris et d'appartenance à l'organisation terroriste Etat islamique. Hier, la famille était toujours sous le choc de l'information qu'elle a reçue à travers les médias français. «Nous l'avons reçue comme une massue. Nous avons appris l'information de l'agression comme tout le monde à la télévision. Au début, nous ne savions pas que cela nous concernait, jusqu'à ce que nous voyions les photos, le nom et le prénom dévoilés. Sincèrement, je l'ai reçue comme dans un cauchemar», s'exprime, pour El Watan, Hafid Ikken. Chez les Ikken, les soupçons d'une manipulation de l'identité sont très forts. «On peut habiller les choses comme on veut», nous dit le frère aîné, convaincu comme jamais que «Farid n'a rien à voir avec tout ça». «C'est plus qu'un frère, c'est aussi un ami. On est très proches l'un de l'autre. Il n'est même pas capable de dire un mot déplacé», témoigne-t-il. «Farid terroriste ? Un doctorant en journalisme terroriste ? Ihouh !» Dans la voix de notre interlocuteur, il y a de la colère contenue et un sentiment de l'absurde qui lui arrache même un rire qui cache un accablement. Mais aussi de l'impuissance face à la lourdeur de la charge qui pèse sur son frère cadet, comme la vidéo d'allégeance à Daech que les enquêteurs français auraient trouvée dans le studio de Farid Ikken, à la résidence étudiante de Cergy. «Est-ce qu'ils ont trouvé ses empreintes dessus ?» s'interroge, méfiant, son frère. Les résultats de l'enquête laissent perplexe notre interlocuteur, soupçonneux d'une velléité «de cacher des choses par d'autres». En un mot, selon lui, Farid Ikken serait une cible facile, comme d'autres, dans la lutte qui s'engage en Occident contre l'extrémisme religieux. «S'il était coupable, je ne le défendrai en aucun cas, mais je sais que jamais de la vie il ne pourra basculer dans ça. Cela fait des années qu'il est contre le terrorisme», ajoute Hafid Ikken qui refuse de voir dans les images montrant l'agresseur du policier son propre frère. «J'ai vu la vidéo sur le Net et j'ai vite éteint mon ordinateur. Impossible que ce soit lui», affirme-t-il. «Pour moi, Farid est un patrimoine, j'ai beaucoup puisé de ses connaissances», ajoute-t-il. La famille Ikken est encore assommée par l'arrestation de leur fils. «Nous sommes en stand-by, mais nous nous réunirons en famille, l'affaire est très sérieuse !» nous informe-t-il, convaincu que «Farid retrouvera sa liberté». «Quand quelqu'un est propre et a étudié, on s'emploie à le salir. Chaque fois qu'il y a un Maghrébin qui émerge, on le casse. Cela, nous ne l'accepterons jamais», s'offusque le frère de Farid Ikken, qui n'a pas de famille en France.