Des acteurs de la société civile et du mouvement berbère ont lancé une pétition pour dénoncer ce qui se passe dans le Rif marocain et apporter leur soutien aux populations de cette région qui protestent contre leur marginalisation par le pouvoir central. «Ce qui est en train de se passer au Rif marocain ne peut et ne doit nous laisser indifférents et sans réaction : non seulement en tant que militants du mouvement amazigh et démocratique algérien, mais aussi en tant que nord-africains soucieux de la stabilité de notre région et de son avenir», écrivent-ils dans le texte de la pétition déjà signée par une centaine de personnes. Pour eux, «l'attitude autoritaire du pouvoir marocain, son approche répressive dans la gestion des événements du Rif (Al Hoceïma) est la preuve tangible que la mémoire des régimes autoritaires est très courte». Les initiateurs de cette pétition dénoncent le recours à la violence pour faire taire une population qui s'est soulevée pour réclamer le développement de sa région. Ils mettent en garde contre cette politique en affirmant qu'«une révolte écrasée par la répression reviendra tôt au tard, et le feu s'allumera de nouveau». Ils rappellent ce qui s'est passé en Kabylie et au M'zab. Par cette pétition, les signataires veulent témoigner de leur «solidarité pleine et entière et indéfectible» à leurs frères du Rif. «Nous condamnons avec la plus grande fermeté la répression subie par les animatrices et les animateurs du mouvement de contestation du Rif», soulignent-ils, réclamant dans ce sillage la libération immédiate et inconditionnelle de tous les détenus victimes de la police politique et l'arrêt de toutes les atteintes aux libertés démocratiques, d'expression et de manifestation. Les initiateurs de cette pétition appellent à constituer un comité international de solidarité avec le mouvement de contestation du Rif. Pour eux, «c'est une vision globale qui doit guider notre réflexion et nos actions actuelles et à venir concernant l'analyse et la gestion des problèmes qui surgiront, inévitablement, dans notre région». «Nous devons rompre avec les positions fragmentaires, sans ambitions, qui consistent à jeter de l'huile sur le feu sans anticiper sur les conséquences de nos actions», ajoutent-ils, considérant que la solidarité avec le Rif, le M'zab ou la Kabylie comme «un acte généreux qui ambitionne la recherche des solutions, les meilleures, aux problèmes qui se posent d'un côté ou de l'autre des frontières». Les initiateurs de cette pétition veulent inscrire cet élan de solidarité «au-delà d'une manifestation sporadique». Parmi les premiers signataires de cette pétition, il y a Saïd Khelil, militant et ancien premier secrétaire du FFS, Mohamed Lahlou, professeur d'université, Saïd Chemakh, enseignant universitaire, Smaïl Metmati, artiste calligraphe, Saïd Boukhari, militant du MCB et enseignant à la retraite, Zohra Awrass Bouras, membre du Forum de la Jeunesse africaine pour le dialogue et la paix, Saïd Salhi, vice-président de la Laddh et vice-coordinateur du CMODH, Essaïd Aknine, militant MCB et Boukhalfa Ben Mamar, secrétaire général du FIJDH.