Diabétologue et secrétaire général de la Société algérienne de diabétologie, le docteur Abdelaziz Daoud met l'accent, dans cet entretien, sur la prévention et la lutte contre les facteurs de risque dont l'intolérance au glucose. Le diabète est désormais considéré comme une épidémie. Etes-vous d'accord ? Effectivement, le diabète est déclaré comme étant une épidémie qu'il faut enrayer rapidement. Près de 80% des décès dus au diabète se produisent dans les pays à revenu faible ou moyen. Près de la moitié des décès surviennent chez des personnes de moins de 70 ans. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) estime qu'il y a plus de 180 millions de diabétiques dans le monde, et qu'il y en aura plus du double en 2030. Le nombre de diabétiques risque surtout d'augmenter de plus de 80% dans les pays à revenu moyen de la tranche supérieure entre 2006 et 2015. D'après les estimations, 1,1 million de personnes sont mortes du diabète en 2005. La lutte contre les facteurs de risque demeure-t-elle le moyen efficace contre ce fléau ? La sédentarité, le régime alimentaire, le manque d'activité physique et la prédisposition génétique sont les principaux facteurs favorisant le syndrome métabolique. La lutte contre ces facteurs de risque reste la meilleure solution pour tenter de freiner l'évolution de cette courbe qui inquiète sérieusement. Il existe 2 millions de diabétiques en Algérie, dont 10% d'insulino-dépendants (type 1) et près de 600 000 personnes ignorent leur maladie, selon des statistiques hospitalières. Le diabète de type 2, non insulino-dépendant, est un véritable fléau social et pose un problème de santé publique. Ses complications sont dominées par les maladies cardiovasculaires, l'atteinte des membres inférieurs qui se traduit par l'amputation, la rétinopathie et l'insuffisance rénale. Un des thèmes de ce 3e congrès est consacré au syndrome métabolique. A quel moment peut-on poser le diagnostic chez un malade ? Le syndrome métabolique rassemble une nébuleuse de troubles plus au moins associés parmi lesquels on trouve souvent une obésité, un diabète sucré, des troubles lipidiques et une HTA. Il faut donc au mois trois critères pour retenir le diagnostic. Il (SM) nous permet d'identifier des individus qui risquent de développer des maladies cardiovasculaires. Il est démontré que dans le cas de syndrome métabolique, le risque de ces maladies est majoré de 30 à 400% par rapport au reste de la population adulte. Quels sont alors les moyens de prévenir justement le diabète sucré ? On estime, aujourd'hui, jusqu'à 314 millions de personnes au monde qui souffrent d'intolérance au glucose (glycémie post-prandiale « après le repas » anormalement élevée), ce qu'on appelle communément le prédiabète, et le risque de diabète de type 2 (non insulino-dépendant) chez celles-ci est de 70%. Pour prévenir le diabète sucré et réduire son incidence, il faut agir sur les principaux facteurs de risque modifiables qui sont l'obésité et la sédentarité. Les indicateurs sont simples chez les personnes à risque ; avoir plus de 40 ans, un tour de taille supérieur aux normes, manque d'activité physique, alimentation riche en sucre et glucose, existence d'une HTA et antécédents familiaux aux diabète. Il est alors important de s'inquiéter devant une intolérance au glucose qui est un facteur de risque réversible. Le diabète sucré est responsable de plus de décès que le VIH. Il tue une personne toutes les 10 secondes et sa prise en charge revient très coûteuse. En agissant sur ces principaux facteurs de risque, on peut réduire l'incidence annuelle de 50%. Le rôle des médias est très important dans cette lutte permanente. Il est aussi à conseiller aux personnes à risque de pratiquer une activité physique (la marche) et modifier leur alimentation qui devra être plus riche en fibres et moins de sucre et de gras.