Même s'ils ne disposent pas de chiffres précis aussi bien sur le nombre des malades que sur le coût de leur prise en charge dans chaque pays, les spécialistes se sont, toutefois, accordés à dire que le remède le plus efficace est la prévention. Qu'en est-il du diabète au Maghreb ? Le premier stand Alone maghrébin de diabétologie, organisé le 22 novembre 2008 à Tunis par les laboratoires Merck Serono, a été une occasion pour les 138 endocrinologues et diabétologues maghrébins et étrangers ayant pris part à cette rencontre pour faire le point sur la situation de cette maladie dans la région. “Cette rencontre est une bonne opportunité pour échanger les idées sur la diabétologie surtout que notre région enregistre une progression vertigineuse de cette maladie. Elle nous permettra aussi de revoir les résultats des grandes études menées de par le monde sur le diabète”, a souligné le professeur tunisien N. Ben Abdellah, à l'ouverture des travaux de cette rencontre ayant pour thème générique : “Le diabète en Afrique du Nord : intervenons aujourd'hui pour un meilleur contrôle demain.” Lui emboîtant le pas, le professeur algérien, El. Lezzar assure : “Le diabète est en train de progresser de manière dangereuse. Il faut une prise en charge précoce des malades.” Même s'ils ne disposent pas de chiffres précis aussi bien sur le nombre de malades que sur le coût de leur prise en charge dans chaque pays, les spécialistes se sont accordés à dire que le remède le plus efficace est la prévention (le dépistage et donc la prise en charge précoces du malade, adoption d'une hygiène de vie saine et la pratique du sport, la sensibilisation des élèves à l'école…). Entre autres causes à l'origine de la progression du diabète au Maghreb, le professeur Borni Zidi, représentant de la société tunisienne d'endocrinologie, a désigné du doigt l'urbanisation. “Le diabète est en nette progression au Maghreb à cause de l'urbanisation et tout ce qu'elle a généré comme changements dans le mode de vie et l'alimentation”, affirme-t-il. De son point de vue, la maladie fait plus de ravages dans les villes que dans les campagnes en estimant le taux des malades dans les grands pôles urbains oscille entre 12 et 14% alors que la moyenne mondiale donnée par l'OMS est de 10%. “Il faut un dépistage précoce et prise en charge précoce qui retardent les complications du diabète qui est une maladie très lourde de conséquences”, préconise-t-il. Pour sa part, le professeur Mansour Brouri, président de la Société algérienne de médecine vasculaire et ex-président de la société algérienne et maghrébine de Médecine interne, a beaucoup insisté sur la réhabilitation de la pratique du sport à l'école. “C'est tout un mode de vie qui doit être repensé”, professe-t-il. Concernant la progression de la maladie, le Pr Brouri estime qu'il y a lieu d'alarmer tous les gouvernements maghrébins en mettant l'accent sur l'urgence d'élaborer une stratégie commune pour lutter contre cette maladie. “Il faut qu'on discute d'abord entre nous pour présenter ensuite nos propositions aux politiques”, nuance-t-il. À l'instar de ses pairs, le Pr marocain H. Elghomari, endocrinologue et diabétologue au CHU Ibn Rochd à Casablanca, insiste lui aussi sur la nécessité de la prévention. “Nous ne sommes pas prêts à faire face aux complications du diabète. Aussi la prévention est capitale. On ne peut pas agir sur l'hérédité mais on peut agir sur le poids. La solution c'est le sport et une hygiène de vie saine”, remarque-t-il. Selon le Dr K. Ben Dhaou, le général manager de l'Intercontinental Area du groupe pharmaceutique allemand, 6 millions de patients sont traités par la famille glucophage. Côté projets, le Dr Ben Dhaou a indiqué que son groupe compte créer une filiale qui couvrira toute l'Afrique et dont le siège sera installé à Tunis. Avec cette rencontre, les scientifiques ont, à leur manière, montré la voie aux politiques : il y a de réelles chances de construire un grand ensemble régional pour peu que l'essentiel l'emporte sur l'accessoire. A. C.