La Fédération algérienne de boxe (FAB) est sans président légal depuis des semaines après la décision de suspension provisoire prononcée par le ministère de la Jeunesse et des Sports (MJS) à l'encontre de Mohamed Madjid Nahasia, «élu démocratiquement et dans la transparence totale en mars 2017», témoignent des observateurs qui ont assisté à l'assemblée générale élective de la FAB au printemps dernier. Ils étaient deux candidats en lice et l'assemblée générale a voté majoritairement Nahasia. Ce résultat n'a pas agréé des parties très influentes dans le Mouvement sportif national (MSN). Mohamed Madjid Nahasia est le premier à le confirmer. Il révèle : «Nul ne peut imaginer les pressions que j'ai subies avant l'assemblée générale élective. Rien n'a été oublié pour me faire plier et me retirer de la course à la présidence de la Fédération. Face à mon obstination à aller jusqu'au bout, les pressions ont tourné carrément à l'intimidation et la menace. Il est facile de deviner d'où elles venaient. Le directeur de la jeunesse et des sports (DJS) de Aïn Defla m'a appelé trois fois pour me demander de retirer ma candidature et a précisé : ‘‘C'est un ordre du ministre.'' J'ai en ma possession l'historique des trois communications.» Au lendemain de son élection, le nouveau président s'est attelé à la tâche avec abnégation, a réuni les membres du bureau fédéral, distribué les fonctions et le collectif a commencé à plancher sur la feuille de route pour les quatre années à venir. Mais c'était compter sans ceux qui n'avaient pas digéré l'élection de Nahasia. Rapidement, des fissures ont commencé à apparaître au sein de l'organe de gestion de la Fédération. Sur ce chapitre, Nahasia indique : «Dès les premiers jours de notre prise de fonction, de profondes divergences sont apparues au sein du bureau fédéral. On s'est rapidement heurté aux problèmes engendrés par les promesses électorales. Cela tournait à la guerre des postes au sein de la sélection. Mourad Meziane, entraîneur en poste, était directement visé par un membre du bureau fédéral qui a lui-même fait partie du staff technique. Face à cette situation, j'ai pris sur moi d'alerter la tutelle. J'ai transmis des correspondances au MJS qui avait promis de prendre toutes les mesures appropriées. Il n'a rien fait. Encouragés par le laxisme de la tutelle, mes adversaires ont redoublé de férocité.»
La maffia de la boxe brouille les cartes La crise a atteint son point d'orgue à l'approche des Jeux islamiques organisés en Azerbaidjan en mai 2017. Avant ce rendez-vous, les responsables de la Fédération ont tenu une importante réunion en présence du directeur des sports au MJS, M. Djebab. L'objet du conclave était d'arrêter les objectifs pour les Jeux islamiques et les Jeux africains au Congo en juin 2017. Sur cette réunion, Mohamed Madjib Nahasia, avance : «Le bureau fédéral a confié la préparation et la direction de l'équipe nationale pour les Jeux islamiques à l'entraîneur Bejaoui.» Invité à délivrer son pronostic sur les chances de médailles de nos athlètes, il a répondu : «On décrochera trois médailles.» Sans préciser de quelle couleur. L'Algérie a terminé à la 4e place avec une médaille de bronze. Bejaoui a ensuite installé un autre staff technique à qui il a confié la mission de préparer des athlètes pour les Jeux africains au Congo. Le bureau fédéral n'était pas d'accord. En présence du directeur des sports, M. Djebab, il a confié la préparation des boxeurs pour les Jeux africains à l'ancien staff technique composé de Ouadahi et Mersoub. Cette décision a provoqué l'ire de ceux qu'elle gênait. Des membres du bureau fédéral et des athlètes qui ont pris part aux Jeux islamiques sont montés au créneau pour dénoncer le président de la Fédération. Le MJS se saisit de l'affaire, «juge inadmissible d'avoir deux sélections nationales en même temps et prononce la suspension provisoire du président de la FAB», indique une source proche du MJS. Sur cette décision, Madjid Nahasia est catégorique : «Cette sanction est sans fondement légal. Pour qu'une telle décision puisse être prononcée, il faut préalablement qu'elle soit prévue par les règlements. Ce qui n'est pas le cas. Où est la faute grave que le MJS a étayée dans sa décision pour me suspendre ? Pour qu'elle soit effective, il faut qu'il y ait l'avis favorable de l'Observatoire national du sport (ONS) et du Comité olympique algérien (COA). Plus grave encore, le MJS a saisi la banque pour changer le spécimen de signature, alors que je suis le président légalement élu par l'assemblée générale. Tout cela participe du complot tramé contre moi, parce que j'ai refusé de me plier aux injonctions de la tutelle. La boxe est massacrée par la maffia de la boxe avec la complicité du directeur des sports au MJS.» Après le karaté, c'est au tour de la boxe d'attirer l'attention de sa Fédération internationale sur ce qui se passe en Algérie.