Parmi les passionnés de ces témoins du passé de la cité de Sidi Boucif, il y a une association algérienne de l'est lyonnais, l'AACSEL. Cette dernière, après avoir alerté le président de la République, s'apprête à saisir la justice pour faire cesser la démolition des vestiges en question. Elle juge que « la société Ferphos se lance dans la vente de la mémoire de nos parents et grands-parents dans un bradage lucratif de toute l'ossature métallique des installations pour faire de la récupération de métaux ferreux et non ferreux. » Elle indique à ce propos que le fait que la société Ferphos ait hérité des gisements miniers de la compagnie Mokta El Hadid ne lui donne pas le droit de détruire des symboles. « Ces vestiges appartiennent à tous ». De même, elle considère que suite à la cessation d'activité de la mine, les infrastructures et les bâtiments devaient revenir à l'APC au titre de son droit de préemption, puisque la concession pour une durée de 99 ans d'exploitation des gisements est arrivée à échéance. En conséquence, l'AACSEL veut obtenir la condamnation de la société Ferphos pour occupation illégale des lieux depuis 1974 à 2006. Elle compte ainsi la poursuite en responsabilité pour avoir porté atteinte à l'âme de la ville et à sa population et en conséquence obtenir des dommages et intérêts. L'objectif pour l'AACSEL est d'inventorier et collecter tous les gros matériels et appareils datant de la création de la mine, de créer un service des archives ainsi que les éléments de toute l'exploitation minière depuis sa création et de garder en l'état les architectures industrielles. La finalité est de léguer les éléments mobiliers et immobiliers au futur musée de la mine à la commune de Beni Saf et de créer un atelier de rédaction de l'histoire locale et régionale. Par ailleurs, Mohamed Seghiouer, Benisafien et président de l'ACCSEL, interroge : « Au lieu de détruire, ne gagnerait-on pas plutôt de restaurer et repeindre ces installations minières et de créer un grand pôle éducatif et culturel afin d'enseigner aux enfants le parcours de leurs ancêtres qui, grâce à la mine et au port, ont construit cette ville où se côtoient et vivent des Algériens venus de différentes régions du pays ? » Dans sa supplique au président de la République, Seghiouer l'informe : « Le bec de chargement installé sur la jetée ouest du port de Beni Saf est, semble-t-il, déjà démoli et désossé. C'est un drame et un gâchis, même si c'est au profit d'un élargissement du quai. On aurait dû tenir compte de la préservation et du maintien en place de ce bec. La prochaine victime sera la station de criblage du minerai située sur le pic rocheux, face au quartier de Sagla. Puis viendra aussi le tour de la grande cheminée où viennent nicher chaque année des cigognes, ces oiseaux migrateurs qui font des milliers de kilomètres pour se poser dans notre ville. Tous les Benisafiens connaissent depuis leur naissance, de père en fils, cette tour, visible de loin. Après viendra le tour de démolir les hangars et les divers autres ateliers où sont encore entreposées des machines industrielles, des machines-outils et des unités de fabrication de wagonnets. »