Absorbant près de la moitié des dépenses de fonctionnement de l'Etat, l'actuel système de subvention devrait probablement connaître, dans les mois à venir, une révision avec pour objectif de mettre un terme au gaspillage et instaurer un meilleur ciblage des couches sociales nécessitant un soutien de la part des pouvoirs publics. Il faut rappeler à ce propos que les subventions et transferts sociaux représentent 15% du PIB, soit 30 milliards de dollars par an. Le nouveau gouvernement dirigé par Abdelmadjid Tebboune va-t-il faire de cette question une priorité dans son plan d'action ? Selon le vice-président du Conseil national économique et social (CNES), Mustapha Mekideche, «la crise dans laquelle est plongée l'économie algérienne depuis le deuxième semestre 2014 se répercute frontalement sur les équilibres budgétaires, sachant par ailleurs que les ressources du FRR se sont épuisées progressivement en trois ans de fortes ponctions.» La réponse budgétaire a été déjà affichée dans la loi des finances 2017, inscrivant celle-ci dans une trajectoire triennale de rigueur. Le poste le plus important de dépenses (un tiers du PIB) que sont les subventions se devait donc d'être revisité en priorité. Cependant, beaucoup d'observateurs et autres experts affirment que les pouvoirs publics devaient entamer la révision du système de subvention bien avant l'apparition de la crise. Selon l'expert financier Ferhat Aït Ali, «il est aujourd'hui difficile de revoir ce système du fait que les moyens de compensation ne sont pas aussi disponibles qu'ils ne l'étaient il y a quelques années». Quant aux produits et autres services concernés par la levée des subventions ou leur réorientation, M. Mekideche pense qu'il y a effectivement une typologie qui apparaît en première analyse en deux grandes parties, à savoir l'énergie et les produits de large consommation. Mais cela ne doit pas faire oublier «les différentes rentes issues de dispositifs nombreux et divers qui n'ont pas atteint les objectifs fixés initialement par les politiques publiques», souligne le vice-président du CNES. A titre d'exemple, il est pertinent de s'intéresser, selon lui, «aux performances financières des entreprises à forte consommation énergétique bénéficiant, au même titre que les ménages, de faible prix de l'énergie.» Pour sa part, l'expert Ferhat Aït Ali met en avant deux produits essentiels, en l'occurrence le lait en sachet et les céréales panifiables, mais aussi les carburants dont le coût global des subventions atteint 12 milliards de dollars par an. Selon lui, «le gouvernement devrait faire vite dans la mise en application du nouveau système et la loi de finances de 2018 devrait consacrer définitivement la levée des subventions, avec compensation direct et ciblée». C'est ce que soutient aussi le vice-président du CNES, qui plaide pour la mise en place d'un mécanisme de compensation destiné à protéger les couches sociales les plus défavorisées. «Il va falloir mettre en place des dispositifs d'accompagnement pour les ménages à faible revenu. L'Egypte, l'Iran et la Malaisie l'ont fait avec un certain succès. Je pense que le gouvernement précédent avait déjà ouvert ce chantier en 2016», conclut Mustapha Mekideche.