Dans un entretien accordé, hier matin, à la chaîne 3 de la radio algérienne dont il était l'invité de la rédaction, le vice-président du Conseil national économique et social (Cnes), Mustapha Mekidèche, estime que les conséquences du choc brutal consécutif à la crise qui a commencé en juin 2014 et qui va entrer dans sa quatrième année pour l'Algérie, ne sont pas toujours évaluées à leur juste impact, à la fois sur les finances publiques mais également sur les équilibres extérieurs de notre pays. Pour lui, à propos des questions du logement, de l'éducation et de la santé qui sont parmi les priorités qui ont été énoncées, lundi, par le nouveau gouvernement présidé par le Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune, le fait de mettre la priorité sur le développement du capital humain qui assure aux Algériens d'être au niveau des standards mondiaux en matière de santé, de logement et d'éducation est un près-requis pour s'inscrire dans le long terme de l'émergence. Car, explique-t-il, on ne peut pas imaginer qu'un pays puisse émerger si les conditions minimales d'un système éducatif, d'un système de santé et de la vie, et c'est, rappelle-t-il, la politique qui a été mise en œuvre depuis plus de dix ans et qui marque des progrès en matière de capital humain, ce qui fait que l'Algérie, fait-il remarquer, est dans le podium africain en matière d'indice de développement humain, les seuls pays qui dépassent l'Algérie sont les Iles Maurice et les Seychelles. Il reste que, souligne le vice-président du Cnes, l'Algérie se trouve présentement dans une situation contraignante sur le plan budgétaire et des équilibres extérieurs, et qu'il s'agit là d'éléments dont il faut tenir compte pour, à la fois, faire les arbitrages budgétaires dans la loi de Finances de 2018, dont la préparation, pense-t-il, va commencer à compter du mois prochain, et s'inscrire dans une vision de long terme permettant de produire chez nous l'essentiel de ce que nous consommons. Mustapha Mekidèche rappelle que le pays est inscrit dans une perspective triennale au plan budgétaire et deux hypothèses concernant les ressources ont été validées, celle d'avoir une fiscalité pétrolière assise sur 50 dollars, seuil confirmé au cours de la dernière réunion de l'Opep, et deuxième élément, un plafonnement des dépenses qui a été fixé sur 2017-2019. Pour rester dans ce cadre, il faudra rationnaliser, dit-il. Il rappelle que des chantiers ont été ouverts par le gouvernement précédent, notamment sur la nécessité d'éviter les gaspillages en matière de politique de redistribution pour cibler les ménages et les activités qui ont besoin d'être soutenus par le budget de l'Etat. Il pense que ce dossier va être probablement sur la table du nouveau gouvernement et qui est prioritaire et pour lequel les réflexions ont déjà été entamées. Il évoque également les difficultés qui ont été indiquées par le nouveau Premier ministre en matière de rationalisation des importations pour éviter que les déficits commerciaux ne continuent à s'accumuler et de créer des pressions sur la balance des paiements du pays. Il n'y a pas de raison, estime-t-il, d'importer des produits qui peuvent être largement fabriqués localement par le secteur privé. S'il abonde dans le sens du respect par l'Algérie de ses engagements commerciaux internationaux, notamment ceux relatifs aux accords commerciaux avec l'Union européenne et avec la zone arabe de libre-échange, Mustapha. Mekidèche n'en considère pas moins qu'il est possible de limiter en instituant des normes et des standards pour savoir quels sont les produits, par rapport à d'autres, qui peuvent être autorisés à être importés. Il cite l'exemple, pertinent dans la période actuelle de Ramadhan, des diouls qui sont importés, il tient le même raisonnement pour les importations de mayonnaise, de moutarde. Au titre du principe de réalité, il estime, par ailleurs, que le modèle énergétique qui est subventionnée est le premier gisement de rationalisation en éliminant les consommations inutiles et donc d'agir sur les prix graduellement, comme cela a commencé l'année dernière et ce n'est pas suffisant, dit-il. Le vice-président du Cnes appelle à donner un prix à ce qui est considéré comme gratuit à l'exemple du pain, en ciblant, ajoute-t-il, ceux qui ont en besoin, c'est-à-dire les ménages dont les revenus sont les plus bas. Il souhaite que ce système soit mis en place rapidement pour que les gains puissent être visibles auprès de l'opinion publique. Mustapha Mekidèche a également parlé de la sécurité et la stabilité en tant que conditions de l'émergence et également la disponibilité de bonnes infrastructures.