Il est, hélas, des mots qui ne peuvent à eux seuls traduire toute la misère du monde. Ceux pour décrire la situation familiale des jeunes Abdou et Amina Meddah sont simples car ils leur sied à merveille mais traduisent, en fait, les aléas d'une vie difficile. Le dictionnaire médical définit le nanisme comme étant « d'origine génétique qui se caractérise par un défaut de développement des os longs, donc des membres, et surtout des membres inférieurs qui se déforment ensuite en s'incurvant. » Assis, ces personnes paraissent presque normales. Leur intelligence est intacte. Une forme exceptionnelle de nanisme donne à l'homme, dès l'enfance, l'aspect fragile et desséché d'un vieillard". Ce qui explique la dépendance de ses enfants. Pour se soulager par exemple, Abdou, agé de 13 ans, et Amina, 9 ans, ont besoin d'aide et ne parlons pas des difficultés qui naissent dans la rue ou à l'école. Une situation qui a plongé la mère dans une dépression nerveuse et le père, par ailleurs un membre actif du mouvement associatif local, poussé à se démener comme un diable pour valoir à ses enfants de vivre dans la dignité. Avec ses faibles revenus, (3000 dinars/ mois octroyés dans le cadre du filet social), c'est plutôt une autre misère qui s'ajoute à celle sociale, voire dramatique, de cette famille qui n'a pas trouvé d'échos dans sa quête d'une prise en charge sérieuse. La scolarité est devenue difficile pour les trois enfants dont celle venue s'intercaler entre Amina et Abdou. Les échecs sont retentissants et les causes connues d'avance. Amina, Abdou et l'autre soeur ne bénéficient pas, étrangement, d'une couverture sociale adaptée. Même de la sécurité sociale, ils sont exclus. Leur statut d'handicapés est attesté mais sans conséquences sur les dures conditions de vie. Le père Abdelkader, 38 ans, avait même songé à carrément tourner le dos à l'association de quartier à qui il vouait ses heures libres. Ce citoyen modèle n'arrive même pas à décrocher un travail d'éboueur qu'on lui avait promis bien qu'ayant le niveau d'instruction de la 3ème année secondaire. Contraint d'accuser le coup, A.E.K a fait l'impasse sur l'offre d'hospitalisation des enfants.