El Watan Magazine dresse le bilan des programmes télé de ce Ramadhan. Si quelques séries sortent du lot, la grande majorité des productions sont bien en deçà du minimum requis. Les tops : Achour 10. Le carton plein sur Echourouk TV Succès critique et populaire. Le producteur Djaafer Gacem peut se frotter les mains et préparer sereinement la prochaine saison de Achour 10, même s'il se réserve un temps de réflexion avant de se décider à poursuivre l'aventure. Dans son ensemble, la série est une réussite, même si les derniers épisodes laissent un goût amer, tant le final est tiré par les cheveux. Le succès de cette parodie de «Kaamelott» doit beaucoup à la qualité d'écriture fournie par le pool des huit scénaristes qui ont planché pendant six mois sur cette saison. En choisissant d'aborder des thèmes en résonance avec la réalité algérienne, le producteur- réalisateur ne se doutait pas de la tournure que prendrait sa comédie dramatique, perçue par les téléspectateurs… comme une comédie politique. Pas de quoi enchanter le très diplomatique Djaafer Gacem.
El Khawa : «Dallas» à la sauce algérienne sur El Djazaïria La famille Mostefaoui a tenu en haleine les téléspectatrices. La série n'a pas lésiné sur les moyens pour en mettre plein les yeux à la ménagère. Un vrai catalogue de luxe comme rarement vu à la télévision : maison somptueuse, voitures de luxe…un vademecum pour nouveau riche. Même si la scénariste, Sara Berretina, a peut-être un peu trop forcé le trait sur cette caste qui peut tout s'offrir et qui agit selon ses propres codes, elle n'est pas loin de décrire une réalité algérienne apparue ces dernières années. Alors bien sûr, tout n'est pas parfait dans ce «drama», à commencer par le jeu de certains acteurs qui récitaient leurs textes avec autant d'émotion qu'un manche à balai. A l'inverse, Hassan Kechache tient à merveille son rôle de personnage immonde, sans foi ni loi, spécialiste des coups fourrés et prêt à tuer père et mère pour garder le pouvoir.
Ness Stah : la saison de trop sur Echourouk TV Comment parler d'une série qu'on a aimée religieusement pendant six saisons et qu'on s'apprête à égratigner ? C'est le cas de conscience auquel se trouve confronté l'auteur de ces lignes. Même si le programme a su garder en de rares occasions son ton mordant et sa férocité qui a fait sa marque de fabrique, force est de constater que cette dernière saison fut moins aboutie. Trop poussive, la série n'a jamais su trouver le ton juste. Alors bien sûr, on peut toujours rappeler la pression et le traumatisme vécus par l'équipe la saison passée, pour trouver une explication. Quoi qu'il en soit, il était temps que la série s'arrête et que le producteur scénariste, Abdelkader Djriou, passe à autre chose.
Les flops :
Casbah City : une énigme sur El Djazarïa Un pitch griffonné à la va-vite sur un ticket de métro, après un abus d'anxiolytiques ? C'est la seule explication pour ce «truc» qui n'a ni queue ni tête. On a beau se triturer les méninges pour tenter de comprendre l'idée de départ, on n'y arrive pas et cela se voit à l'écran. Pour pallier l'indigence du scénario, la production a tenté de se rattraper avec des images bien léchées. Mais la virtuosité technique ne peut combler le vide du propos. La preuve : ni les airs hébétés de Mourad Saouli, ni le pauvre Mohamed Bouchaïb, cantonné depuis Saâd El-Gate à jouer le même personnage lunaire, ni encore Mourad Khan, en commissaire de police, n'ont pu sauver la série. Les habitants de La Casbah ont dû rire jaune en voyant à l'écran la représentation idéalisée et bien loin de la réalité de leur quartier : tables et chaises longues sur les terrasses, comité de quartier… A trop vouloir bosser sur plusieurs productions à la fois, Imad Hanouda risque de se brûler les ailes et perdre son crédit. Silence des innocents : échec programmé sur l'ENTV C'était la série sur laquelle la Télévision publique comptait beaucoup, au moment où celle-ci fait face à une cure d'austérité. Sauf qu'en choisissant d'adapter le scénario d'une série turque à la réalité algérienne, la production a pris un énorme risque. Résultat : Silence des innocents est un énorme échec. L'adaptation griffonnée par Samira Kabli n'est pas parvenue à dépasser les clichés de l'histoire d'amour sur fond de conflit familial. Personnages transparents, dialogue indigeste, jeu d'acteurs proches de la caricature, et que dire de la réalisation ampoulée de Amar Tribèche, qui aligne les plans tout au long des 30 épisodes, comme un amnésique qui ne se rappelle plus où il a posé sa caméra ? Sous surveillance : En roue libre sur El Djazaïria Encore une production Not Found et encore… un échec. Cette comédie écrite pour Abdelkader Secteur a raté sa saison. Si le pitch de départ avait de quoi faire saliver, avec un patron qui feint l'amnésie et la folie pour débusquer ceux qui veulent mettre la main sur son héritage, à l'arrivée, on nous propose une comédie improbable, où le ridicule côtoie souvent l'improbable, comme lorsque les scénaristes ont décidé de mettre à l'antenne un pastiche de la série Walking Dead…un vrai moment de malaise qui restera gravé à jamais dans l'inconscient collectif.