Le plan d'action du gouvernement «est une sorte de dépliant, un ensemble de mesures sans délai précis, pas même une vision pour l'année prochaine», critique le Front des forces socialistes (FFS), qui s'est abstenu de voter le plan Tebboune. Le plan d'action du gouvernement est passé hier au vote de la 1re Chambre du Parlement. En à peine trois jours, le plan de Tebboune a été présenté, débattu et emballé pour conduire les affaires de l'Etat. Le plan d'action du gouvernement «est une sorte de dépliant, un ensemble de mesures sans délai précis, pas même une vision pour l'année prochaine», critique le Front des forces socialistes (FFS) qui s'est abstenu de voter le plan Tebboune. Tout en dénonçant la non-présentation du bilan du gouvernement précédent comme le stipule la Constitution, le FFS estime que le plan présenté par M. Tebboune «est loin de répondre aux défis auxquels le pays fait face». Le chef du groupe parlementaire du FFS, Chafaâ Bouaïche, considère que la situation ne permet ni l'ironie ni l'approximation. Il fait remarquer que M. Tebboune a recyclé dans son plan d'action deux documents adoptés par le gouvernement Sellal, à savoir le «nouveau modèle de croissance économique» adopté en juillet 2016, et le programme sur l'efficience énergétique adopté en 2012. «Comment justifier un programme d'action puisé de documents datés d'avant la crise et la chute drastique des prix du pétrole ? N'aurait-il pas fallu établir un diagnostic actualisé de la situation ?» dénonce Chafaâ Bouaïche qui a retenu aussi l'absence de réponses à court terme pour régler cette situation de crise. «Le gouvernement ne pense qu'à préserver les équilibres budgétaires comme exigé par les institutions financières internationales, en limitant les dépenses publiques avec le risque de recourir aux solutions de facilité très coûteuses pour les citoyens, notamment à travers l'augmentation de la charge fiscale pour les salariés, ignorant encore une fois le large segment de l'évasion fiscale et l'économie informelle», indique encore le même représentant du FFS. Ce parti a d'ailleurs opté hier soir pour l'abstention. «Comment adopter un tel programme qui dresse un tapis rouge aux investissements étrangers directs et menace de privatiser les entreprises publiques ?» interroge Bouaïche en soulignant que la rente a permis d'acheter la paix sociale, mais aussi la paix entre les clans du pouvoir. «Le danger qui menace le pays est dans la jonction entre les clans du pouvoir et les alliances internationales autour d'intérêts contraires à ceux du pays», dit-il. Le Parti des travailleurs (PT) a, pour sa part, salué hier l'évocation par M. Tebboune de la question de la séparation de l'argent avec les affaires de l'Etat et demande la promulgation de lois condamnant les abus d'influence et mettant fin à l'impunité. Le PT plaide pour un bilan détaillé de toutes les exemptions d'impôts, de la politique des privatisations et du non-respect des cahiers des charges, mais aussi une révision du code des investissements qui est un ensemble d'avantages pour les hommes d'affaires nationaux et étrangers. Djelloul Djoudi, chef du groupe parlementaire du PT, a préféré axer sa communication sur les propositions de son parti et non pas sur le plan d'action du gouvernement. Il demande entre autres propositions de réhabiliter le monopole de l'Etat sur le commerce extérieur, en sus du système des licences d'importation afin, dit-il, de mieux contrôler les lobbys de l'import-export. Ceci et de plaider pour une révision des mesures d'austérité touchant les couches vulnérables de la société. «Vous avez assuré que l'Etat n'abandonnera pas les acquis sociaux, ne pensez-vous pas alors qu'il faille préserver le pouvoir d'achat des citoyens ?» dira Djelloul Djoudi en notant que son parti attend de voir sur le terrain les décisions de lutte contre la corruption et la révision des lois antiéconomiques et antisociales. Atmane Mazouz, député RCD, a, quant à lui, adressé une réponse mercredi dernier à M. Tebboune en notant que son texte «est un recueil d'intentions semblable aux échecs de ceux qui vous ont précédé à ce poste. Votre copie semble dénuée de toute stratégie de sortie de crise et nous avons du mal à déceler une quelconque volonté politique à y faire face».