De nombreux villages de la région de Aïn El Hammam, à cinquante kilomètres au sud-est de Tizi Ouzou, procèdent, en cette veille de la fête de l'Aïd, au rituel de thimechret, un sacrifice consistant à abattre plusieurs bœufs, dont la viande sera distribuée équitablement aux habitants. Les comités de village procèdent à l'achat des bêtes qui seront abattues, généralement à la fin du Ramadhan. Cependant, la fermeture des marchés à bestiaux a contraint les acheteurs à se rabattre sur les éleveurs dont les bêtes sont confinées dans les étables depuis l'apparition de la fièvre aphteuse dans certaines zones. Ainsi, tout déplacement de bovins est de ce fait interdit pour tout animal ne possédant pas de certificat de vaccination délivré par les autorités sanitaires. Ce qui met les acheteurs, tout comme les bouchers, devant un dilemme. Pour faire leur marché, doivent-ils exiger des garanties des propriétaires des bœufs ou se fier à leur intuition ? La présence d'un vétérinaire dans les abattoirs, comme exigé par la loi, doit être de mise dans ces cas, vu que la santé de milliers de citoyens peut être menacée par ce qui peut être assimilé à des abattages clandestins. En tout état de cause, Thimechrat offre l'opportunité de retrouvailles entre les villageois, notamment ceux vivant dans les grandes villes. Cette occasion festive permet de retisser le lien social au sein des communautés villageoises et de mieux s'organiser au cours de l'année pour faire face aux nombreux problèmes survenant dans la vie quotidienne en zone rurale ou de montagne.