Devant les membres du Conseil de la nation, Tebboune s'est voulu rassurant et confiant en minimisant l'impact de la crise financière que vit le pays depuis près de trois ans. L'Algérie n'est pas un paradis, mais elle loin d'être un enfer. Certes, nous avons des insuffisances, mais nous ne sommes pas les derniers de la classe» ; la mise au point est du Premier ministre, Abdelamdjid Tebboune. Le chef de l'Exécutif s'en est pris ce jeudi à ceux qui broient du noir et passent leur temps à noircir le «tableau Algérie». Pour lui, l'Algérie est un pays émergent et de surcroît leader dans plusieurs domaines ! Devant les membres du Conseil de la nation qui ont d'ailleurs approuvé à travers une motion de soutien la feuille de route du gouvernement présenté mercredi dernier, Tebboune s'est voulu encore une fois rassurant et confiant en minimisant l'impact de la crise financière que vit le pays depuis près de trois ans. Il a écarté dans son discours de plus d'une heure le recours à l'endettement extérieur, mais a par contre appelé au dialogue et à la consultation nationale pour redresser l'effort social de l'Etat. Le Premier ministre veut aller vers un consensus, mais pas n'importe lequel. «Le consensus politique est une chose et le consensus économique en est une autre. Nous voulons un consensus autour des sujets importants pour l'intérêt du pays», précise-t-il. Pour cela, Tebboune veut aller vers une démarche commune en associant l'ensemble des composantes du tissu national. Les politiques, les syndicats, la société civile, académiciens et experts sont invités à donner leur avis. «Nous avons besoin de ce consensus essentiellement dans le ciblage de la prise en charge sociale. Le consensus est obligatoire dans les affaires qui concernent toute la nation. Nous sommes arrivés à une situation où des gens sont devenus très riches et d'autres très pauvres. On touche à une politique qui dure depuis quatre décennies», dit-il, précisant que le consensus doit se faire notamment sur «les revenus qui excluent les aides de l'Etat». A cet effet, Tebboune a chargé le Conseil national économique et social (CNES), les ministères du Travail, de l'Emploi et de la sécurité sociale et de la Solidarité nationale à l'effet de préparer cette large consultation nationale. Une commission consultative nationale sera installée avant la fin juillet ou juste après. La crise n'est pas grave ! Pour le chef de l'Exécutif, la crise n'est pas grave et la ressource financière existe ; il s'agit de l'affecter soigneusement à des secteurs fiables et porteurs dans l'avenir. Tebboune s'est attardé dans ses réponses aux préoccupations des sénateurs sur un secteur qu'il maîtrise parfaitement puisqu'il a eu à le gérer pendant de longues années : l'habitat. Il annonce en toute fierté la fin imminente de la crise du logement en rappelant les sommes colossales dépensées pour venir à bout de ce problème. Il dément dans ce sens l'existence de logements vides et inexploités. Le Premier ministre s'est ensuite étalé sur le bilan des dernières années en citant plusieurs chiffres, dont ceux des établissements scolaires et universitaires : «Il y a eu la construction de 18 826 écoles primaires, 4427 collèges, 2370 lycées, 97 universités. Dans certaines régions à l'intérieur du pays, vous trouvez internet et la télévision même sous une tente.» Et d'annoncer dans la foulée la relance de certains projets gelés, dont ceux liés à la construction d'écoles primaires dans les wilayas du Sud et celles situées sur les frontières, l'étude d'un projet de station électrique à Illizi et la poursuite du recrutement dans le secteur public, notamment dans l'éducation. Poussant le bouchon encore plus loin, Tebboune place l'Algérie aux côtés des Etats-Unis en matière de grands transferts d'eau. «Nous sommes seulement deux pays, à savoir l'Algérie et les USA, ayant pu faire bénéficier les citoyens de l'eau sur 750 kilomètres. Ce n'est pas rien», s'est-il vanté, en référence au projet de transfert d'eau d'In Salah à Tamanrasset. Sur le chômage, le Premier ministre positive mais admet que l'Algérie peut mieux faire. «Nous sommes à un taux de 10,8%. C'est beaucoup mais il faut comparer avec d'autres pays européens comme l'Espagne, le Portugal, la Grèce. Nous ne sommes pas dans une situation catastrophique», a-t-il ajouté. Le Premier ministre a indiqué que les réserves de change sont de l'ordre de 107,8 milliards de dollars actuellement, après avoir atteint 114 milliards à fin décembre 2016. S'agissant des délais de mise en application de sa feuille de route, Tebboune rassure qu'ils sont fixés et que les objectifs de son gouvernement sont «clairs» et «précis» et les ressources sont disponibles. «C'est un plan organisé dans le temps», affirme-t-il.