Le Syndicat national algérien des pharmaciens d'officine (Snapo) maintient son mouvement de grève, prévu le 12 juillet de 8h à 13h, avec fermeture totale des officines comme décidée lors de la session extraordinaire tenue samedi dernier. Pour les représentants du Snapo, la réunion avec les directeurs généraux des deux caisses, respectivement M.M. Haddam et Achek, n'a donné aucun résultat à propos de la principale revendication, à savoir le projet d'annulation de l'article 27 du décret 09-396 de novembre 2009 introduisant les mesures incitatives pour l'encouragement du générique et de la production nationale. Le président du Snapo, M. Belambri, a souligné que plus de 80% des produits fabriqués localement sont concernés par cette nouvelle mesure. Il rappelle que le décret en question n'a jamais conditionné la majoration à la substitution. «Il est aberrant de dire que seuls les produits interdits à l'importation seront concernés. Ce sont 358 dénominations communes internationales (DCI) qui seront touchées, soit 1598 marques fabriquées localement», signale M. Belambri. Et de rappeler que l'objectif premier fixé par le gouvernement est d'atteindre les 70% de la couverture par la production nationale d'ici à 2019. Le Snapo interpelle le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale pour empêcher la mise en place de cette nouvelle décision, car «avec de telles mesures, ce sont 3500 officines qui vont fermer, sans compter la perte de nombreux postes d'emploi», relève M. Rahem,président du Snapo du bureau d'Alger. La mesure qui consiste à attribuer 20% d'incitation sur la valeur du produit (art-20) constitue, selon M. Belambri, la mesure phare et la plus importante pour les pharmaciens conventionnés. «C'est une mesure présentée par la Sécurité sociale et par le Snapo comme une disposition dont l'Algérie est fière, et qui a contribué grandement à l'épanouissement de la production nationale, au lancement et à l'encouragement de l'investissement, mais qui a aussi contribué à la réalisation d'énormes économies pour les caisses de Sécurité sociale.» Et de signaler que le décret 09-396 est venu, à travers certaines dispositions, compenser «partiellement» toutes ces charges et contraintes financières, dont la compensation des dépenses générées par le tiers payant, temps de travail pour le traitement des ordonnances, les payements différés, l'activation des cartes Chifa et consultation de l'historique des consommations des assurés sociaux. «Le tiers payant est désormais totalement assuré et assumé par les pharmaciens au niveau des officines. Ceci a permis aux caisses de Sécurité sociale de désengorger ses guichets, de supprimer les files d'attente au niveau de ses structures, de transférer une grande partie de leurs activités au niveau des officines et de réaliser ainsi d'énormes économies liées au fonctionnement administratif et au recrutement du personnel», ajoute le Snapo qui signale que cela constitue une énorme charge administrative et sociale pour les pharmaciens. «D'énormes dépenses ont été engagées et un très fort recrutement de personnel a été effectué ; sans compter le temps consacré à la formation. Actuellement, les officines emploient au moins 45 000 personnes», a-t-on encore souligné. Du côté des caisses de la Sécurité sociale, il n'a jamais été question de la suppression des incitations, au contraire les discussions étaient déjà en cours pour la révision de certaines d'entre elles. «Pour ce qui des 20% d'incitation sur la valeur du produit générique dispensé, la suppression ne concernera que les produits interdits à l'importation. Dans ce cas-là, la mesure n'a plus sa raison d'être puisque il n'y a que le produit générique seul sur le marché», explique une source proche de la commission chargée du dossier. Par ailleurs, la commission s'est également penchée sur la révision d'autres incitations, notamment celle liée au traitement des ordonnances fixé à 5 DA par ordonnance. «Les discussions sont en cours pour une révision à la hausse de cette majoration. 80 millions ordonnances sont traitées par an par les pharmaciens et cela engendre effectivement des frais importants», ajoute notre source tout en rassurant les pharmaciens du maintien des incitations dans le cadre de la préservation de cet acquis social qui est le tiers payant tout en préservant également les intérêts du patient et du pharmacien d'officine. Par ailleurs, la Fédération algérienne du médicament (FAM) s'inquiète quant au devenir du secteur et estime que «les mesures envisagées risquent en effet de porter atteinte à un maillon vital de la chaîne pharmaceutique à un moment où il se trouve par ailleurs déjà fortement pénalisé par la forte baisse des prix du médicament, dans un contexte où la pression inflationniste croissante a tendance à éroder de jour en jour sa marge commerciale réglementaire». Ainsi, la FAM demande solennellement aux promoteurs de cette abrogation des majorations du prix du médicament de surseoir à ce projet qui, selon elle, ne fera que déstabiliser davantage toute une filière pharmaceutique qui doit faire face, dans les conditions actuelles, aux menaces sérieuses liées aux conséquences néfastes de la chute sévère des revenus extérieurs du pays et aux aléas d'un environnement économique national de plus en plus tendu.