La colère des cadres et syndicat de Sider El Hadjar à l'encontre des retraités du groupe Sider auxquels ils imputent la situation précaire de l'usine a poussé le ministre de l'Industrie, Mahdjoub Bedda, à dépêcher un groupe de travail pour étudier sur place la situation du complexe sidérurgique. Premier enseignement tiré, le groupe Sider a relevé un véritable problème de management. En effet, selon des sources proches de ce groupe, les retraités du bâtiment qui sont à la tête du groupe Sider et Sider El Hadjar ne sont pas spécialistes dans le domaine de la sidérurgie. «Issus tous du secteur du bâtiment, ils ne peuvent apporter aucune valeur ajoutée aux ressources humaines du complexe. Donc, leur venue n'est pas liée à la mission principale, celle de la réfection du complexe d'El Hadjar. Elle peut être expliquée par la convoitise du riche patrimoine immobilier de la société, dont le site de Hydra (Alger) et les appartements et villas de Annaba», révèlent les mêmes sources. Ils auraient été désignés pour s'accaparer le patrimoine de Sider, réparti à l'échelle nationale avec la bénédiction de l'ex-ministre de l'Industrie, Abdessalem Bouchouareb. En effet, âgé de plus de 70 ans, Ali Bédiar, le PDG du groupe Sider, est un retraité du secteur de l'immobilier (ex-dirigeant d'une entreprise de promotion immobilière sans classification professionnelle). Conscient de ses insuffisances professionnelles dans le domaine de la sidérurgie, il fait appel à des retraités consultants avec le consentement de sa tutelle d'Imetal, elle-même dirigée par Ahmed Yazid Touati, un retraité de Batimetal. «Cette manière de faire qui alourdit les charges de la société et disqualifie les véritables compétences de l'entreprise phagocyte les espoirs de toute une génération de jeunes cadres intègres et prometteurs. Elle est devenue monnaie courante durant le mandat de l'ex-ministre Abdessalem Bouchouareb. Des expertises sont confiées à des consultants étrangers qui pouvaient être, en réalité, aisément exécutées au sein de l'entreprise et sûrement avec une meilleure efficacité. L'école de Sider est connue dans le pays pour la qualité de sa formation et celle de ses cadres. Aujourd'hui, Sider débourse 800 000 DA/mois pour seulement deux consultants externes, et ce, sans résultat probant. Qui se soucie présentement de cette saignée d'argent en plein crise ? Nul ne semble intrigué ou gêné par ces situations qui devraient relever des cas d'exception», s'insurgent des cadres de Sider auxquels se sont associés quelques directeurs généraux de filiales qui reprochent au PDG du groupe Sider de les avoir privés des augmentations de salaire décidées par leur tutelle. Pis, le même groupe de travail a relevé que ces hauts cadres retraités du bâtiment priorisent les recrutements des proches dont l'inspection du travail a été saisie à ce sujet. «Encore une fois, qui s'en soucie, ce ne sont sûrement pas les responsables d'Imetal qui sont à l'origine même du problème, soit en autorisant, soit au moins en fermant les yeux sur les recrutement des retraités non spécialisés, allant ainsi à l'encontre des instructions fermes de l'Etat», s'interrogent les même sources. En effet, ce n'est pas un secret que le PDG du groupe Imetal, Ahmed Yazid Touati, est lui-même un retraité non spécialisé. Rappelons qu'aussitôt installé dans ses fonctions en remplacement de Abdessalem Bouchouareb, Mahdjoub Bedda, le nouveau ministre de l'Industrie et des Mines a frappé fort en mettant fin aux fonctions à cinq hauts cadres, responsables au niveau de son département, dont Ali Oumellal et M. Haddouche, respectivement directeur général et directeur du secteur public marchand. «Nous souhaitons que le même séisme frappera au niveau du groupe Sider où plusieurs têtes tomberont et les jeunes cadres prendront les rênes du complexe», espèrent les mêmes cadres.