«Avec le quinquennat de François Hollande, nous sommes entrés dans une phase très positive. Il faut donc désormais poursuivre, mais aussi progresser, amplifier et densifier cette relation pour passer à une nouvelle étape. Je sais que c'est la volonté du président Emmanuel Macron», résume le nouvel ambassadeur de France à Alger. Vous êtes nommé pour représenter votre pays en Algérie pour la seconde fois, c'est un fait rare. Avec quels sentiments revenez-vous à Alger ? Je réponds à cette question par deux mots : joie et fierté. Joie de revenir en Algérie, de retrouver beaucoup d'amis algériens, de revoir ce pays, tout en étant conscient qu'en cinq ans, les choses ont naturellement changé. Fierté d'avoir été nommé pour la seconde fois à Alger et de représenter le nouveau président de la République, Emmanuel Macron, et le gouvernement français d'Edouard Philippe, fierté de représenter un pays tourné vers l'avenir, déterminé à construire, notamment avec l'Algérie, un avenir positif, un pays porteur d'ambitions, en Europe et dans le monde. Au regard de votre «expérience algérienne», quels sont les projets à identifier et à bâtir pour une meilleure et forte relation bilatérale ? Les choses ont naturellement changé en cinq ans depuis mon départ en juin 2012. Il serait vain de vouloir reprendre le cours des choses, car la période 2012-2017 a vu une relation franco-algérienne extrêmement riche et dense. Nous sommes entrés, avec le quinquennat de François Hollande, dans une phase très positive, une relation algéro-française stabilisée, dynamique, séquencée par de nombreux projets. Elle a son rythme propre, rythme que n'a pas la France avec d'autres pays. Il faut donc désormais poursuivre, mais aussi progresser, amplifier et densifier cette relation pour passer à une nouvelle étape. Je sais que c'est la volonté du président Emmanuel Macron. Souvent, on évoque un «partenariat d'exception» entre la France et l'Algérie ; n'est-ce pas là une formule qui ne traduit pas ce que devraient être les relations entre les deux pays ? Le terme est effectivement souvent utilisé ; il traduit une relation très particulière entre nos deux pays. Ce partenariat a vocation à devenir, je dirais, un «partenariat exceptionnel» parce que la relation entre l'Algérie et la France n'est pas une relation banale, elle ne doit pas être une relation banalisée. Elle est exceptionnelle. C'est une relation entre deux grands pays liés par l'histoire, la géographie, des intérêts communs ; c'est une relation entre deux gouvernements qui ont leur approche propre des problèmes du monde et leur expérience complémentaire ; elle est, enfin et surtout, une relation entre deux peuples. Exceptionnelle, cette relation l'est et doit le rester : en aucun cas, encore une fois, elle ne peut être banale. Notre relation ne peut se réduire à des aspects économiques, ou politiques, ou culturels : elle est multiforme, elle couvre tous les aspects de la vie. Il faut veiller à maintenir ce caractère exceptionnel. Souvent, la solidité du couple algéro-français est mesurée à l'aune de l'importance des échanges économiques et commerciaux. N'est-ce pas réducteur de ce que peuvent être les relations entre les deux pays ? Les relations économiques sont importantes certes, mais limiter nos relations à cet aspect des choses est réducteur, terriblement limité, tant d'autres domaines rythment ces relations : la culture, la langue française, les échanges de populations, la communauté algérienne de France, à laquelle je rends hommage pour sa contribution au développement de notre pays ; le sport aussi est un facteur d'intégration commun, beaucoup de choses peuvent être réalisées dans ce domaine ; la sécurité sur le continent africain et notamment au Sahel est aussi devenue une préoccupation commune qui n'avait pas atteint cette intensité lors de mon premier séjour. Plus généralement, l'Afrique, continent où l'Algérie, comme la France ont un rôle à jouer. La France a élu un nouveau président, jeune qui n'appartient pas à la génération de la Guerre d'Algérie. Serait-il un président de la continuité ou de la rupture dans la politique française avec l'Algérie ? C'est à lui qu'il faut poser la question ! J'ai eu l'occasion de le rencontrer et j'ai bien noté son intérêt réel pour l'Algérie, sa volonté de développer une relation exceptionnelle et enfin sa vision ambitieuse vis-à-vis de l'Algérie.