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Le défi des économies modernes : gérer les anticipations
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Publié dans El Watan le 10 - 07 - 2017

L'économie a développé des outils plus ou moins performants pour faire face aux problèmes auxquels elle est confrontée : chômage, inflation, balance de paiement, croissance, inégalités et le reste. Les instruments à sa disposition sont nombreux, complexes et variés. Cela prend au minimum six ans pour former un bon économiste pour commencer à les manipuler, encore faut-il prendre le temps de capitaliser une bonne expérience et une inspiration des pratiques internationales. Il faut que nos managers, nos économistes et nos analystes sachent une chose : les lois de ces sciences-là sont probabilistes et non déterministes. C'est-à-dire qu'elles peuvent être vraies à 80 ou 99% des cas, mais jamais dans 100% des situations. C'est pour cela que le problème de discernement est capital. Le diagnostic de la situation et la maîtrise des mécanismes en jeu deviennent les enjeux essentiels des ripostes aux différentes crises.
Parfois, on peut rester perplexe par rapport aux choix des économistes. Mais leurs décisions reposent sur des hypothèses et sur les comportements des agents économiques. Considérez deux situations qui semblent a priori plus proches qu'éloignées. La Grèce a connu une dérive des dépenses publiques, un endettement excessif et des produits bancaires toxiques. Les USA avaient des problèmes similaires. On a choisi des politiques de réduction de dépenses publiques en Grèce et une politique d'augmentation de ces mêmes dépenses pour les USA. Les politiques économiques étaient diamétralement opposées.
On peut citer plusieurs périodes où le même problème a été interprété différemment par divers pays et les ripostes diamétralement opposées. Lors du choc pétrolier de 1974, l'OPEP quadrupla les prix pétroliers restés longtemps trop bas. Ceci allait induire de la stagflation (envolée conjointe de l'inflation et du chômage). L'Italie avait répondu par plus de dépenses publiques et l'Allemagne par une contraction budgétaire. Là également, le même problème a donné lieu à deux schémas thérapeutiques différents.
Le rôle des anticipations en économie
Lorsqu'on prend une décision économique, on fait des hypothèses sur comment vont se comporter les agents économiques et les institutions après ces choix. Ce sont ces considérations qui expliquent parfois les différences de politiques économiques. Par exemple, face à la crise grecque, les experts du FMI pensent que les investisseurs et les consommateurs n'ont pas confiance en cette économie. Il faut donc la rétablir. En réduisant et en rationalisant ses dépenses, l'Etat va envoyer un signal fort aux agents économiques : la rigueur économique est de retour et un Etat sérieux serait maintenant aux commandes. Les investissements vont affluer en Grèce, l'emploi sera de retour et les citoyens rependront confiance et commenceront à consommer. L'économie repart à la hausse.
C'est ce que les économistes du FMI et de la Banque mondiale appellent la «contraction/expansion». Sauf que les agents économiques nationaux et internationaux ne se sont pas comportés du tout ainsi. Ils continuent à ne pas croire en cette économie et par conséquent les sacrifices consentis pas la population ont été vains. Les économistes se sont trompés sur les anticipations et les comportements des agents économiques. Mais il faut préciser que ce schéma de pensée s'inspire du néolibéralisme et donc du consensus de Washington. La riposte américaine à la crise des Subprimes est également basée sur les anticipations. Ces dernières vont conditionner les comportements des agents économiques. On a réfléchi à peu près ainsi : le système bancaire était au bord de l'effondrement et de nombreuses entreprises frôlaient la faillite. Il fallait donc injecter massivement de l'argent dans le système (ce qui ne fut pas autorisé pour la Grèce). Ceci va permettre aux banques de continuer à financer les entreprises, les investisseurs nationaux et internationaux vont reprendre confiance, l'emploi et la consommation vont booster l'économie et la remettre sur son sentier d'avant-crise. Les comportements prévus ont eu lieu pour plusieurs raisons : le dollar étant une monnaie de réserve mondiale et les milieux d'affaires continuent de croire en l'économie américaine. L'inspiration de ces politiques est loin de provenir des schémas libéraux (c'est plutôt la doctrine keynésienne qui est interpellée). Malgré les séquelles négatives (anticipations de sauvetage bancaires et de grandes entreprises — to big to fail — quelles que soient les dérives du secteur), l'économie a été proche de la trajectoire anticipée).
Quelles leçons tirer ?
Les politiques économiques doivent être évaluées à la lumière de leurs répercussions sur les anticipations et les comportements humains induits. C'est en ce sens qu'elles produisent ou non des résultats. Cela fait partie de l'audit des programmes publics. Considérons un exemple simple dans le cas de notre pays.
Nous avons initié un programme d'emplois assistés. L'idée est de faire converger l'offre et la demande d'emploi. Les primo demandeurs d'emploi n'ont pas d'expérience et leur productivité est faible. Ils ne peuvent être employés au salaire minimum en vigueur. L'Etat paie une partie du salaire en espérant qu'après avoir acquis de l'expérience, la productivité des recrues s'améliore et les patrons vont les permaniser. Cependant, si les patrons font un autre calcul et se comportent différemment, tout le projet déraperait. Dès lors que les hommes d'affaires se disent nous allons utiliser cette main-d'œuvre bon marché dans des emplois nécessitant très peu de qualifications, et en reconduisant ce genre d'emplois sur le long terme on économise beaucoup sur les coûts de main-d'œuvre. Si les patrons se comportent différemment de ce qui a été anticipé, le programme dévierait de ses objectifs.
Chaque programme d'action publique doit être apprécié à la lumière de ses conséquences sur les comportements des citoyens. C'est cette évaluation qui permet d'estimer les retombées d'une politique sectorielle. Le contenu des politiques agricoles, industrielles, touristiques et autres est conçu en fonction de ce que nous considérons être les comportements des citoyens. Le management des programmes sectoriels est en fait une gestion des anticipations. Dès lors que l'on maîtrise les modes de fonctionnement des institutions et des anticipations des citoyens, on peut concevoir les politiques appropriées. Par exemple, au niveau de la politique agricole, comment vont se comporter les citoyens si l'Etat taxe les terres non exploitées, si on cède les parcelles de terrains publics ou si on transfert le droit d'exploitation à 99 ans ou autre ? Chaque alternative va induire des conséquences précises. C'est là où l'expérience internationale est précieuse car, quoi qu'on dise, les être humaines ont des protocoles de riposte aux choix publics plus similaires que différenciés. Donc, gérer un pays ou une entreprise c'est comprendre et savoir orienter les anticipations et les comportements des citoyens.


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