Actuellement, la vaste majorité des algériens craint pour son avenir et celui de leurs enfants. A juste titre ! Nous venons de vivre une démonstration grandeur nature que les ressources financières n'induisent pas le développement. De 1962 à l'an 2000, l'Algérie avait bénéficié de recettes extérieures de l'ordre de 300 à 350 milliards de dollars. De l'an 2000 jusqu'a fin 2014 nous avons engrangé plus de 1000 milliards de dollars. La plupart injectée dans d'interminables projets d'infrastructures. Nous avons quelques infrastructures en plus mais jamais le pays n'a été aussi vulnérable aux chocs extérieurs que maintenant. En l'espace d'un trimestre, le premier de 2015, nous avons perdu presque 20 milliards de dollars de réserves de change. A ce rythme, au bout de trois ans, nous aurions épuisé nos réserves et le fonds de régulation. C'est la démonstration irréfutable que nos experts nous ont conçu un mauvais plan de riposte à la crise. Il nous faut tout autre chose. Nous allons évoquer uniquement un thème sensible dans la formulation des politiques économiques, rarement évoqué dans les débats économique : le rôle de la confiance dans les défis économiques. Nous n'avons pas le temps d'évoquer l'ensemble des problèmes de politiques économiques du pays (nous le faisons dans un fameux ouvrage : La décennie de la dernière chance). Dans les rubriques ultérieures nous allons expliciter les décisions correctes de riposte à la crise actuelle, les erreurs commises et comment y remédier. Il y a urgence à apporter des correctifs sérieux au mode de fonctionnement de notre économie. Faute de quoi, nous allons sombrer dans une terrible crise. Nous sommes à la croisée des chemins. Globalement, ce que nous avons conçu comme solutions ne fonctionnent pas. Mesurer le pessimisme c'est important Actuellement les algériens jouent à se faire peur. Une atmosphère morose s'est emparée du pays. Les jeunes perdent espoirs et les plus vieux sont résignés. Nous attendons tous le choc social ultime qui semble inévitable. Pourtant, nous pouvons encore l'éviter en faisant vite et bien. Le package est complexe : il comprendrait des aspects macroéconomiques, les politiques de développement humain, la modernisation managériale, la libération des initiatives –surtout privées- et une panoplie d'instruments techniques (taux de change, système d'information national etc.). Mais ceci demeure à la portée de nos experts. Mais au lieu de canaliser les énergies vers la recherche de solutions nous sommes entrés en compétition à qui serait plus pessimiste que les autres. Certes, il n'y a pas lieu de jubiler. Tous les indicateurs pointent au désarroi. La presse, les discussions de famille, les débats de café et toute communication est utilisée pour noircir davantage une situation qui n'est pas rose. Nous avons beaucoup de théories économiques qui expliquent une grande partie des crises par le manque de confiance des agents économiques. La plupart des mesures imposées à la Grèce sont inspirées d'une théorie économique qui a fait beaucoup de dégâts (Les anticipations rationnelles dont le promoteur Robert Lucas eut un prix Nobel en 1995). Il n'est pas question ici d'expliquer ces schémas. Cependant, l'idée que les anticipations des agents économiques façonnent le monde réel est largement acceptée dans les milieux scientifiques. Le fait que les agents économiques soient pessimistes sur l'avenir va créer dans le futur des situations de crise induites par les comportements de personnes peu confiantes. C'est le cas des prophéties qui s'auto-réalisent. On peut même décrire les mécanismes par lesquels ces phénomènes se produisent. Ces facteurs sont tellement importants qu'on dépense beaucoup d'argent pour les mesurer et les gérer. La confiance des ménages et des hommes d'affaires est mesurée partout. C'est un indicateur économique avancé ; c'est-à-dire il présage, en grande partie, ce que sera l'économie. Chez nous le Forum des Chefs d'Entreprises mesure l'indice de confiance des hommes d'Affaire. Créer de l'enthousiasme : Condition de réussite Gérer un pays consiste à formuler des politiques économiques et sociales mais surtout communiquer et contrôler que le système se dirige vers les objectifs recherchés. La riposte à la crise n'échappe pas à ces règles. Le fait que les déséquilibres économiques s'accélèrent aurait dû induire nos responsables à revoir leur arsenal de mesures. Le plan de communication vise à créer de l'enthousiasme autour des mesures afin de leur donner plus de chances de se concrétiser. Seul un peuple ambitieux et fier réalisera des performances économiques remarquables. Le taxieur chinois est fier de son pays. Il ne cesse de répéter aux visiteurs que dans quelques années la Chine sera la première super puissance économique mondiale. Le travailleur Malaisien est enthousiaste. Il sait que son pays s'est fixé comme défi de figurer parmi les pays développés en 2020. Il est en passe de réussir. Il va redoubler d'effort dans son travail. Il croit en son pays, en l'avenir. Il est informé, consulté et valorisé par ses pouvoirs publics. Mais le cadre, le travailleur algérien, le paysan des hauts plateaux et l'habitant du sud croit en quoi ? Notre système de communication véhicule quelles idées sur l'avenir ? Il ne s'agit pas de rêver, de fixer des ambitions grandioses sans créer les conditions de réussite. Sinon, le rêve se transformera en cauchemar. Ces pays se sont dotés d'une stratégie capable de réaliser leurs rêves les plus fous. Les experts savent comment formuler ces plans. Là n'est pas la question. Mais le point de départ de toute action de redressement doit être de créer un engouement national pour un avenir désiré : par exemple, Algérie pays émergent en 2022 et développé en 2050. C'est simplement le début du processus. Comment aspire-t-on à vaincre une crise sévère avec un pessimisme ambiant destructeur ? L'effet multiplicateur de la morosité est aussi bien connu dans la vie des citoyens que les fonctionnements des nations. Les agents économiques ne sont que le reflet de la qualité de la gouvernance d'un pays. Dés lors que cette dernière ne clarifie pas l'horizon, les citoyens vont adopter des attitudes pessimistes dévastatrices pour l'avenir. PH.D en sciences de gestion