Plusieurs daïras et communes ont été la proie des flammes ; 16 importants incendies sont enregistrés en deux jours. Plus d'une cinquantaine de maisons ont brûlé à Aït Rahmoun. Aït Yahia Moussa, ville à 25 kilomètres au sud de la wilaya de Tizi Ouzou, vivait hier encore une journée infernale. La panique se lisait sur les vissages des citoyens impuissants et terrorisés de voir se reproduire le scénario vécu pendant la journée de mardi, où plusieurs foyers d'incendie ont été signalés. La commune d'Aït Yahia Moussa vit en effet sous l'enfer des incendies depuis 48 heures. Le feu ayant été maîtrisé hier au petit matin a repris de plus belle en milieu de journée, menaçant une dizaine de villages ainsi que le chef-lieu communal, avons-nous constaté sur place. «Il faut partir, nous ne pouvons pas rester ici, les flammes s'approchent trop rapidement», criait en pleurs une jeune fille terrorisée. Des personnes couraient à travers les rues, certains d'entre elles ont réussi à prendre des effets personnels. «Notre maison est située juste en bas, nous sommes partis précipitamment. Le feu est trop proche», affirme un jeune. Quelques minutes ont suffi pour que l'incendie encercle la ville et s'attaque aux habitations. Une dizaine de foyers ont été ravagés alors qu'une centaine d'autres étaient encore menacés par le feu hier en milieu d'après-midi. Ce bilan vient alourdir celui enregistré la veille, où une perte humaine a été enregistrée dans cette commune. Un homme de 64 ans, Rabah Kerouane, surpris par les flammes dans son champ, est décédé après son admission à l'hôpital de Draâ El Mizan des suites de ses brûlures. Deux autres personnes ont aussi été blessées, signale-t-on. Plus d'une cinquantaine de maisons ont brûlé pendant la même journée, notamment à Aït Rahmoun. D'autres dégâts ont été enregistrés avec des pertes d'arbres fruitiers, notamment des oliviers, le bétail et des ruchers. Le président de l'APC estimait hier à près de 100 ha déjà partis en fumée, alors que les flammes continuaient d'avancer. La mobilisation des citoyens, des éléments de la Protection civile ainsi que de l'ANP, de la gendarmerie et des services de l'APC a permis de maîtriser des incendies déclarés à plusieurs endroits. «Le feu est à nos portes et nous n'avons même pas d'eau dans nos robinets pour l'éteindre», s'inquiète un citoyen. Les moyens de l'APC sont limités ne disposant que de deux camions-citernes pour faire face à de telles situations. L'absence d'une unité de la Protection civile dans cette région exposée aux feux de forêt a aussi été déplorée. Le président de l'APW de Tizi Ouzou, Mohamed Msela, s'est rendu hier sur les lieux afin de s'enquérir de la situation et de s'assurer de la nécessité de déclencher le plan Orsec «pour permettre l'indemnisation des pertes subies par la population», annonçant l'installation d'une cellule de crise au niveau de la wilaya. Dans la wilaya de Tizi Ouzou, plus de 50 départs de feu, dont 16 sont très importants, ont été enregistrés en deux jours. On déplore un décès et des blessés. Le tissu végétal a subi d'importants dégâts. De larges superficies de forêts et de maquis sont parties en fumée, notamment à Aïn El Hammam, Mekla, Fréha, Tizi Rached, Aït Khellili, Beni Douala, Azazga et Iflissen. Au sud-ouest de la wilaya, les services de la Protection civile font état de feux de forêt à Boumehni, dans la commune de Aïn Zaoui, à Frikat, Tizi Gheniff, M'Kira et Boghni. Dans la daïra de Draâ El Mizan, plus de 800 hectares de forêts et de broussailles ont été ravagés par les incendies, précise-t-on. Pas moins de 15 000 oliviers et des milliers d'autres arbres fruitiers ont été détruits.