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Loisirs : Les raisons de la flambée
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Publié dans El Watan le 14 - 07 - 2017

Des vacances à l'étranger ? C'est cher pour certains. Mais des vacances DZ, c'est encore plus cher. Les lieux de loisirs deviennent de plus en plus inaccessibles. El Watan Week-end s'est penché sur la question.
Reconstitution des faits : il est 14h30. Sous une chaleur insoutenable, des enfants se baignent dans la fontaine d'eau de Sidi Yahia. La raison : ils n'ont pas les moyens de se payer l'entrée à la piscine. En ces temps de chaleur extrême, les piscines et les plages sont les lieux de prédilection des familles.
Même si les établissements et les plages ne manquent pas, les prix ne sont pas forcément accessibles à toutes les bourses. «J'ai 4 enfants. La piscine la moins chère est à 1000 DA/personne. Pour une famille comme la mienne, c'est un budget conséquent, surtout qu'il faut rajouter des frais supplémentaires pour le déjeuner et les activités à l'intérieur.
Malheureusement, on ne peut pas se permettre une telle sortie», confie Samira, une maman de 41 ans. En effet, pour accéder aux loisirs, il faut mettre le prix. Mais finalement, sur quelle base ces tarifs sont fixés ? Saïd Zidane, responsable du revenu à l'hôtel Le Meridien d'Oran, dont l'accès à la piscine est fixé à 8000 DA, explique : «Il faut savoir que la piscine du Méridien n'est pas très grande.
Et notre priorité est forcément dirigée en premier lieu vers nos résidents et nos abonnés, qui se plaignent parfois de ne pas pouvoir se baigner faute de monde. Ce prix réduit forcément le nombre des externes.» Même si ce tarif semble exorbitant, il n'est pas plus élevé que d'autres établissements à Oran. «On s'est aligné sur les tarifs pratiqués dans la région, en plus d'une étude de marché effectuée au préalable», confie-t-il.
Budget restreint
Une responsable à l'hôtel El Aurassi à Alger, dont l'accès à la piscine est fixé à 3000 DA, avance une autre explication quant au prix affiché : «Notre prix est fixé par rapport à la saison estivale et les tarifs que pratiquent nos concurrents. Il faut aussi compter dans ce prix, le confort, la sécurité qu'offre l'établissement.» Cette dernière assure néanmoins qu'ils proposent les prix les moins chers. Après un rapide tour d'horizon, ce n'est pas exactement vrai. L'hôtel El Djazaïr, ex-St George fixe le prix d'accès à sa piscine à 3000 DA aussi. Il fait aussi une légère remise quand il s'agit de couple. Les deux personnes n'auront qu'à payer que 5800 DA.
Toujours dans les piscines privées, celle de l'hôtel Mouflon d'Or et l'hôtel Emir restent les moins chères, à 2000 DA l'entrée. Joints par téléphones, les deux établissements n'ont pas répondu à nos multiples appels. Autre piscine privée : Kiffan Club. Avec Aquaforland, ces deux piscines ont fait les beaux jours de beaucoup de jeunes. N'empêche, le service semble parfois pas à la hauteur.
Une maman raconte : «Nous avons organisé une journée piscine à Kiffan Club. A l'entrée, nous avons payé 1500 DA chacun. Une fois à l'intérieur, on se rend compte que le bassin réservé aux enfants est fermé, car il a été privatisé pour la journée. La moindre des choses était de nous prévenir afin de reporter notre sortie.» Côté budget, un peu plus restreint, la piscine des Sablettes reste la moins chère, les prix étant 1000 DA pour les adultes et 500 DA pour les enfants.
Nourriture
Dirigée par l'Office des parcs des sports & des loisirs d'Alger (OPLA), une responsable au sein de l'office nous explique : «Nous sommes sous la tutelle de la wilaya. Ces tarifs sont fixés par ses soins.» Même si ce tarif reste raisonnable par rapport à d'autres établissements, n'empêche, il y a souvent des formules pour faire payer aux parents la somme la moins chère possible. «Nous avons par exemple à l'entrée de la piscine la barre qui détermine la taille de l'enfant.
Si ce dernier mesure moins de 1m10, il ne paye pas son entrée. Aussi, si une maman par exemple vient avec ses enfants juste pour les surveiller, on ne lui fait pas payer l'entrée.» Autre point à ne pas négliger dans cette piscine, c'est que contrairement aux différentes piscines, apporter sa nourriture avec soi n'est pas interdit. Très souvent, en plus de l'accès, il faut prévoir un budget nourriture. «La nourriture n'est pas interdite. La seule indication est de ne pas manger au niveau des bassins mais plutôt sur l'espace dédié à la restauration», conclut la responsable.
Eaux usées
Par ailleurs, le plus grand parc aquatique d'Algérie a enfin ouvert ses portes à Biskra durant cette saison estivale. Les jardins des Zibans situés à Biskra. Réalisé au cœur d'une palmeraie de 11 ha, Aqua Palm est composé de 32 toboggans, d'une piscine à vagues, de 10 bassins et d'une rivière de 641 m pour des promenades avec bouée au fil de l'eau. Les enfants ont une place de choix à Aqua Palm ! Trois bassins adaptés à leur petite taille et des espaces ludiques leur sont réservés afin qu'ils s'amusent en toute sécurité. Autre, les piscines et les plages sont très prisées en ces temps de canicule. Malheureusement, de nombreuses plages du côté d'Alger-Est sont «interdite» à la baignade.
La raison : des eaux usées sont régulièrement déversées dans la mer Méditerranée via les plages de la commune de Aïn Taya, se propageant à celles de Kadous et Corso à l'ouest ou celle des Canadiennes à l'est. Si la pollution constitue un frein en ce moment, les frais supplémentaires quant au paiement du parasol et du parking refroidissent les estivants. Même si l'interdiction formelle de payer quoique ce soit, certains continuent de facturer les parasols, tables et transats.
C'est pour cette raison que beaucoup se rabattent sur les plages privées. Mais là aussi, ce n'est pas mieux. A cet effet, Amine confie : «Nous sommes partis à la plage privée de l'hôtel Riadh à Sidi Fredj. Nous avons été terriblement déçus par la plage en elle-même. Il est vrai que le personnel est accueillant, mais débourser 1500 DA pour rentrer dans l'établissement afin d'accéder à une plage privée hyper sale n'est pas normale. L'eau était aussi polluée qu'ailleurs. Le sable rempli d'ordures.»
Sorties artistiques
Outre les piscines et les plages, les sorties artistiques sont aussi au programme de nombreuses familles. Dans cette catégorie, l'Etablissement art et culture pratique des tarifs imbattables. Mais finalement, comment font-ils pour fixer ces prix ? Khadidja Damani, superviseur de la cellule de communication explique : «Nous sommes en charge que de la partie spectacles et animation artistique. Pour fixer nos prix, on fait le bilan des dépenses et des charges liées au spectacle. Si par exemple, on ramène un artiste étranger, on compte son billet, son hébergement.» Cette dernière confie qu'ils essayent d'assurer un minimum de rentabilité.
Autres paramètres à prendre en considération : la catégorie de l'artiste et la capacité de la salle. «On considère tous les artistes de la même manière. Mais un artiste comme Aït Menguellet ou encore Alloua qui réunissent beaucoup de monde sont logiquement plus chers. La raison est simple, on veut donner la chance aux vrais fans d'assister à leurs concerts, car tout dépend de la capacité d'accueil des salles.» Outre les spectacles, des loisirs en plein air sont de plus en plus organisés.
Pour les adeptes des randonnées, ils peuvent aujourd'hui en faire, que ce soit à pied ou en VTT. D'ailleurs, le Club des sports de glisse (CSG) organise chaque week-end des sorties et des activités. Mohamed Bedjaoui, son président soutient : «Tout d'abord, il faut savoir que nous sommes un club sportif et non pas une association à but lucratif. Pour établir nos tarifs, on prend en compte la couverture des charges. J'entends par là, le transport, la restauration et le matériel.»
Casbah
Concernant les sorties culturelles, les amoureux de La Casbah peuvent y faire un tour avec un guide. Ce genre d'activité reste raisonnable en terme de prix. A cet effet, Yacine Boushaki, un guide à La Casbah qui organise chaque samedi des visites guidée explique : «Je facture ma visite à 1200 DA. Dans ce prix, il faut compter les billets des musées mais aussi les nombreux pourboires que je donne aux personnes qui nous ouvrent les portes de leurs maisons.
Aussi, je fais sponsoriser ma page afin d'avoir plus de visibilité.» Pour Souhil Meddah, souvent le loisir est assimilé à une nouvelle discipline généralisée et consommée massivement par la population. Cette généralisation qui reflète pour certains leur capacité d'honorer leurs besoins en consommation utiles et en achats supplétifs pour qu'enfin, le solde restant soit réparti entre loisirs et épargne cumulable restante.
D'autres qui aient des revenus moins importants que les premiers cherchent à se mettre au même rythme de consommation par rapport aux ménages les plus aisés. Cet état de fait cause progressivement un décalage entre le pouvoir d'achat et le besoin de consommer en loisir devenu une culture nécessaire dans l'esprit des consommateurs. Mais finalement, quelle est la meilleure manière de fixer les tarifs ? L'expert estime qu'il y a deux manières possibles.
Prestations
La première étant de diversifier les gammes des produits et de prestations et aussi en diversifiant les sources d'offres en misant sur des acteurs professionnels dans le domaine, c'est-à-dire d'ouvrir le marché du loisir sous toutes ses formes qui en généralement absorbe les liquidités des petites et moyennes bourses aux acteurs ayant un sens plus impliqué en professionnalisme. La deuxième façon reste implicite sur le marché, du fait de la multiplication des structures et des centres des loisirs. Pourtant, l'Etat a consacré des budgets dédiés aux loisirs. Cependant, on remarque que pas grand-chose n'a été fait sur le terrain.
Pour Souhil Meddah, l'état des lieux est clair : «Les structures réalisées ne sont pas toutes de qualité, car les espaces de loisir publics manquent de diversités et sont décalés par rapport aux besoins des consommateurs de loisirs.» Pour l'expert, l'Etat a de quoi faire : «La contribution réelle de l'Etat peut être dans la régulation, d'ouverture d'espaces aux investisseurs, de garantir les équilibres entre régions et cultures, de soutenir directement ou indirectement l'investissement sur les plans du financement et des contributions des collectivités en termes de service de sécurité et autres», conclut-il.


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