Seize personnes, dont 13 policiers, ont été blessées et 16 jeunes émeutiers ont été interpellés, jeudi dernier à Skikda, lors d'émeutes qui ont éclaté entre des manifestants et les forces de l'ordre à El Match, le plus grand bidonville de la banlieue sud de la ville. Les habitants d'El Match, dont beaucoup de femmes accompagnées de leurs enfants, ont dans un premier temps bloqué le tronçon de l'avenue Houari Boumediène passant près du bidonville pour dénoncer les lenteurs relevées dans un programme de relogement pourtant achevé mais qu'on tarde à distribuer. Les femmes, surtout, n'ont pas ménagé les responsables locaux et dénoncé ce qu'elles ont qualifié de «dédain» qu'on afficherait à leur égard. Le chef de daïra a par ailleurs été «sèchement» accueilli lors de son déplacement sur les lieux. Certains manifestants n'ont pas ménagé leur gosier pour exprimer tout le mal qu'ils pensaient de ses incessantes promesses. Puis, les choses se sont envenimées lorsque de jeunes émeutiers ont commencé à jeter des pierres sur les forces de l'ordre qui ont répliqué en utilisant de bombes lacrymogènes. Le calme n'est revenu qu'en début de soirée, mais le dispositif policier a été quand même maintenu. Hier encore, le climat restait tendu et juste après la prière du vendredi, des jeunes du bidonville ont tenté à maintes reprises de reprendre les manifestations devant un dispositif de sécurité renforcé. Selon des sources proches des services de sécurité, les 16 blessés lors des manifestations de jeudi ont été évacués par la Protection civile vers le nouvel hôpital de Skikda, situé non loin des lieux de l'émeute. Présentant des ecchymoses et d'autres signes d'étouffement dus essentiellement aux gaz lacrymogènes, les blessés ont quitté l'enceinte hospitalière le soir-même. Ce mouvement de protestation, qui coïncide avec l'arrivée du nouveau wali, était prévisible devant les promesses incessantes et répétées du chef de daïra qui, durant le passage de pas moins de trois walis à Skikda, ne ratait aucune occasion pour annoncer que les logements réservés aux habitants de ce bidonville allaient être distribués, chose qui dans la réalité tarde encore, près de quatre années après.