Des dizaines de blessés, dont six policiers, ont été enregistrées et plusieurs interpellations opérées parmi les émeutiers. La cité Diar Echems, qui relève de la commune d'El-Madania à Alger, a été hier le théâtre d'affrontements ayant opposé les services de sécurité aux habitants de ladite cité. Des heurts qui ont commencé vers 11h du matin et se sont poursuivis jusque tard dans la journée. Une vraie démonstration de force de la population dont la plupart résident dans les bidonvilles de ce quartier réputé pour sa dangerosité. La cause de cette insurrection populaire ayant entraîné des troubles est la décision des autorités d'El-Madania de détruire les bidonvilles adjacents au stade au moment où certains habitants continuaient à construire de nouveaux bidonvilles. La police intervient alors pour mettre fin à ces constructions illicites. Cette décision n'a pas été du goût des habitants de Diar Echems qui ont décidé, pour exprimer leur mécontentement, de barrer la route en signe de protestation. L'arrivée des policiers a vite embrasé la situation prenant la forme d'une émeute où tout le monde s'est mis de la partie, même les habitants des bâtiments de la cité, en signe de solidarité. Une situation qui a dégénéré très vite, nécessitant l'intervention d'un renfort important des CRS qui ont vite quadrillé tout le quartier. Les policiers ont utilisé des bombes lacrymogènes pour tenter de disperser les manifestants. Les forces de l'ordre étaient soutenues par un hélicoptère qui a survolé sans arrêt la cité. Les manifestants, de leur côté, ont brûlé des pneus sur la route menant vers la cité. Les services de sécurité, soutenus par un canon à eau, ont tenté de pénétrer à l'intérieur de la cité, mais sans succès face à une population déchaînée et décidée à en découdre avec eux. Résultat : des dizaines de blessés dont six policiers et plusieurs interpellations opérées parmi les émeutiers. Le chemin menant vers le ravin de la Femme sauvage a été fermé à la circulation car bombardé par une pluie de projectiles et de pierres tout au long de la journée par les émeutiers perchés sur les hauteurs jonchées de bidonvilles. La plupart étaient des jeunes, et on a constaté sur place que même des filles n'ont pas hésité à se mettre de la partie. L'un des policiers anti-émeute nous a fait savoir que leur troupe a tenté de s'introduire à l'intérieur de la cité, mais c'était quasi impossible. “Nous étions ici à 10h30 ce matin, et nous sommes encore là. Vers 13h, nous avons tenté une incursion pour disperser les émeutiers, mais cela s'est avéré impossible, car même des balcons des bâtiments d'en face, on nous balançait des projectiles de toutes sortes. Nous avons riposté avec des bombes lacrymogènes, mais cela n'a pas marché et toutes nos tentatives de contenir les émeutiers se sont avérées infructueuses”, nous a-t-il révélé. Un peu plus bas, sur la route conduisant vers Oued-Knis, nous avons retrouvé des jeunes de Diar Echems qui nous indiquent que ces habitants déchaînés ne voulaient pas d'un projet de l'APC qui, selon eux, convoitait le stade pour y ériger des tours. L'un d'entre eux nous dira que “ce n'est pas vrai, il n'y a aucun projet de l'APC, ce n'est là qu'un prétexte pour détruire les bidonvilles”. Les affrontements ont transformé les alentours de la cité en un véritable champ de bataille où de nombreux dégâts ont été enregistrés. Rien n'a été épargné, ni abribus ni même les automobilistes qui ont tenté de passer et qui ont été pris pour cible par les émeutiers qui entonnaient l'hymne national Qassaman. Une véritable favela que les services de sécurité n'ont pu atteindre malgré leur impressionnant renfort.