La partie basse de Skikda a vécu dans la journée de jeudi dernier une effervescence particulière à la suite de la fermeture de la route de Boulkeroua par les habitants du bidonville «d'El Match» qui manifestaient leur mécontentement au sujet des logements qu'on avait prévu de distribuer à l'occasion du 5 juillet. La police a bouclé les lieux avec un dispositif renforcé. Les manifestants à bout de nerf ont refusé tout dialogue avec le chef de daïra de Skikda venu pour tenter d'engager des pourparlers. La situation s'est détériorée au fil des heures, les commerçants proches ont préféré baisser rideaux pour éviter de faire les frais d'une confrontation. Très vite cela a débouché sur un affrontement musclé entre les protestataires et les forces de l'ordre qui ont eu recours aux gaz lacrymogènes pour dégager les lieux sous une pluie de projectiles. Dans la mêlée, deux véhicules ont été incendiés et 16 blessés au total dont 13 policiers. Par ailleurs, 16 personnes ont été arrêtées par la police, une partie d'entre eux a été relâchée et les autres devront être présentés vraisemblablement devant le parquet. Dans l'après-midi c'est le calme précaire et les forces de l'ordre ont maintenu leur dispositif pour prévenir d'éventuels soulèvements, des officiers ont engagé un dialogue avec certains manifestants pour les calmer ; néanmoins la tension est demeurée présente car l'atmosphère au niveau d'El Match et ses alentours est demeurée très lourde. A noter que lors du mouvement de protestation, des familles entières avec femmes et enfants sont sorties, aux côtés de jeunes et moins jeunes, crier leur ras-le-bol face à ce qu'ils ont qualifié de fuite en avant des autorités qui n'ont pas daigné tenir leurs promesses. Après de longs mois de patience, vivant dans des conditions de vie déplorables, ils ont décidé de réagir à leur manière pour se faire entendre.