La rentrée sociale signifie pour de nombreux ménages, dont la mère travaille, angoisse et casse-tête permanents. En effet en l'absence de garderies d'enfants du secteur public, les familles se démènent pour trouver une nourrice souvent parmi le voisinage ou des proches. Face à ce désarroi, le terrain a été exploité par ceux qui considèrent l'enfant comme une simple marchandise et les sentiments des parents dérisoires même si l'on décèle chez certains une réelle volonté d'apporter de l'aide. Cependant, l'essentiel pour beaucoup demeure le gain à tout prix, faisant fi des lois de la tutelle pourtant très draconiennes quand il s'agit de l'enfant. C'est ainsi que des citoyens mais également des associations à caractère culturel, social ou caritatif ont investi ce créneau depuis longtemps forts de l'agrément accordé dans le cadre de leur activité, ouvrant des structures pour accueillir des enfants dont l'âge varie entre 2 et 5 ans et proposant des prestations sans tenir parfois compte des fonctions psychomotrices et affectives de l'enfant. Quant à certains responsables du secteur, ils préfèrent fermer l'œil, selon l'expression de l'un d'eux, car ces crèches clandestines participent un tant soit peu à la résorption du chômage. De plus, des associations font pression en imposant notamment leur programme pédagogique conçu selon leur propre vision de la société. Ces endroits donc situés un peu partout à travers la wilaya de Aïn Defla, n'offrent pas les conditions idéales pour l'enfant (exiguïté, manque d'aération, solitude...) et proposent un apprentissage basé sur l'éducation religieuse ou encore des séances de coloriage et de jeux d'une manière générale que les parents achètent eux-mêmes. Par ailleurs, si des crèches proposent un menu à l'enfant, la plupart demandent aux parents de lui apporter son déjeuner. La DAS et les crèches au noir Rencontrés, des parents manifestent leur confiance à des nourrices mais regretteront de ne pas pourvoir placer leur enfants dans une crèche autorisée, mais, dira ce couple rencontré à Khemis Miliana, « nous n'avons pas le choix ». Quant aux prix pratiqués, ils varient entre 1000 et 1800 DA par mois. Selon la direction de l'action sociale (DAS), il existe actuellement une seule crèche agréée à Khemis Miliana dont la demandeuse a déposé un dossier auprès de l'Agence nationale spéciale emploi de jeunes (Ansej) qui a accepté son dossier sous réserve. Elle ne dispose pas de diplôme pour une telle activité. Néanmoins, cette dernière a déjà commencé sa petite campagne publicitaire et procédé aux inscriptions avant même l'obtention d'un prêt bancaire et l'aménagement de son domicile censé accueillir les enfants au début du mois octobre. Par ailleurs, le chef de service nous apprendra qu'une autre attend la signature du wali tandis que 7 autres seront bientôt autorisées, après une deuxième étude de leur dossier. Signalons encore que 3 autres ont été invitées, à se rapprocher des services de la DAS pour régler leur situation. A travers notre tour d'horizon, qui n'a pas tout révélé sur ces crèches clandestines en raison justement de leur situation non réglementaire, on constate que l'Etat, par le biais de ses représentants, n'est certes pas absent, mais le laxisme et, parfois, la complicité animent certaines sphères qui exploitent leur statut à des fins peu orthodoxes. Toujours est-il, qu'il existe des volontés aux compétences certaines mais qui se heurtent aux obstacles bureaucratiques, alors que, d'un autre côté, des facilités sont offertes à d'autres, soucieux seulement de s'enrichir, comme l'a souligné à juste titre un citoyen.